La course aux économies des deniers publics toucherait donc désormais l'armée. C'est du moins ce que le gouvernement tente de faire croire en présentant sa nouvelle loi de programmation militaire pour les prochaines années.

Pourtant le budget global de la Défense restera le même, augmentant au rythme de l'inflation et même la dépassant à partir de 2011, pour un montant total prévu de 377 milliards entre 2009 et 2020. C'est la répartition entre les différents postes du budget qui va changer. Les effectifs vont diminuer de 54 000, sur 320 000 actuellement, avec les fermetures de sites et les diminutions de budget que cela entraîne. La décision de construire un deuxième porte-avions est remise à plus tard. En revanche tous les budgets concernant les matériels de pointe, de l'aviation aux sous-marins, sont maintenus.

Le secteur qui profite de ces économies est le renseignement, en particulier le spatial militaire qui voit ses crédits annuels passer de 380 à 700 millions d'euros. L'armée veut des systèmes qui permettent de déterminer l'emplacement exact d'une chèvre ou plutôt d'un rebelle dans le désert tchadien. Le programme de satellites Helios, construit par EADS et lancé par Arianespace, deux sociétés sous la coupe de Lagardère, va donc être renforcé.

Les flots d'éloquence sur les " nouveaux périls ", le " terrorisme ", les " missions de l'armée ", etc. cachent mal que cette réorganisation budgétaire consiste à remplacer des fantassins par des satellites. C'est-à-dire à faire passer la manne militaire correspondante des poches des bistrotiers des villes de garnison dans celles de Lagardère et à doter l'armée française de moyens d'intervention plus efficaces pour défendre les intérêts de l'impérialisme français aux quatre coins du monde.