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Dans le monde
Maroc : Après la répression à Sidi Ifni.
Le 30 juin, jour anniversaire de son rattachement au Maroc il y a près de 40 ans, la ville de Sidi Ifni, ancienne colonie espagnole dans le sud-ouest du pays, avait cette fois des allures de ville morte, rideaux baissés et signes de colère des habitants face à la répression qui s'est abattue.
Après les manifestations contre le chômage et le blocage du port, début juin, les autorités avaient envoyé des forces d'intervention, venues d'autres régions, qui avaient soumis la ville à une quasi-occupation. Charges contre les manifestants, poursuites jusque dans les maisons, chasses à l'homme dans les montagnes, blessés par dizaines et arrestations par centaines ont été le lot des vingt mille habitants de la ville pendant plus de deux semaines.
À présent, les forces de répression ont évacué les rues de Sidi Ifni, mais la population n'a rien oublié de leurs agissements et exige la libération des personnes encore détenues. Après avoir entamé des poursuites contre la chaîne Al Jazeera qui a fait état de la violence de la répression, les autorités marocaines délèguent sur place une commission d'enquête parlementaire censée déterminer si les brutalités policières sont ou non le résultat de " dérapages ". Après une enquête de " six mois maximum ", suivie d'un " bilan définitif de ces événements ", le gouvernement promet d'agir en engageant des poursuites judiciaires ou en... classant le dossier. Le fait qu'un témoin important des violences soit actuellement détenu et interrogé laisse peu d'illusion sur les conclusions de l'enquête.
Accusées de n'avoir pas mené leurs enquêtes " selon les standards aux normes ", les organisations humanitaires organisent sur place, de leur côté, des " caravanes " de soutien à la population de Sidi Ifni, afin que la répression soit dénoncée dans toute sa vérité. La solidarité doit s'exprimer, pour la libération des militants et des manifestants encore détenus.