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Dans les entreprises
Des DRH inquiets
Certains serviteurs du patronat sont inquiets. Pas seulement à cause de la récession actuelle, mais aussi d'une possible explosion de colère des travailleurs.
C'est ce qui ressort d'une étude menée par l'association Entreprise et Personnel, un groupe de réflexion regroupant cent cinquante directeurs des ressources humaines et qui publie chaque année une « note de conjoncture ». L'an dernier, ce document pointait les dangers qui planaient sur l'économie et s'intitulait « La porte étroite ». La porte a été en effet tellement étroite que les patrons l'ont ratée. Quant à la note de cette année, elle s'appelle « La déchirure ». Selon ces sous-fifres du patronat, « toutes les composantes d'une crise sociale » sont réunies : « Appauvrissement de nombreux Français, montée sensible du chômage, difficulté des ménages modestes », crise financière qui a « déchiré le voile des illusions », sans compter « une faible adhésion au pouvoir » - une façon élégante de dire que le nom de Sarkozy est rarement prononcé dans le monde du travail sans être accompagné de divers qualificatifs injurieux.
L'association craint donc une « montée et un durcissement de la conflictualité » et énumère tout ce qui pourrait servir de détonateur : « durcissement des politiques d'indemnisation du chômage ou de l'assurance-maladie, multiplication des plans sociaux... »
La seule chose qui soit en mesure de consoler ces DRH est l'absence d'une politique syndicale pouvant permettre d'unifier les luttes - « une unité d'action à même de canaliser un mécontentement général est peu probable. » C'est un coup de chapeau à la politique d'émiettement menée par toutes les centrales syndicales et au peu d'énergie - c'est le moins que l'on puisse dire - qu'elles consacrent à tenter d'organiser la riposte du monde du travail.
Mais si le monde patronal craint une réaction de la classe ouvrière, il la mérite mille fois.