C'est aux responsables de la crise d'en payer les conséquences30/10/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/10/une2100.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

C'est aux responsables de la crise d'en payer les conséquences

Les mêmes ministres qui, il y a peu encore, nous chantaient que la crise n'atteindrait pas la France, sur l'air de « Tout va très bien, madame la marquise », viennent de changer de discours. Ils clament aujourd'hui que la crise est grave, qu'elle est sans précédent depuis la guerre, voire depuis 1929.

Malgré les centaines de milliards de cadeaux aux banquiers avec l'argent public, les actions en Bourse continuent à chuter. Derrière l'agitation affolée des courtiers en Bourse aux quatre coins de la planète, il y a ce qui se passe dans les entreprises. Dans le bâtiment, nombre de chantiers de construction sont arrêtés et 180 000 salariés sont menacés d'être mis à la porte à brève échéance. Dans l'automobile, deux des plus grandes entreprises du monde, General Motors et Ford, se préparent à fermer leurs usines en France. Renault comme Peugeot-Citroën imposent à leurs travailleurs des périodes de chômage partiel, avec la réduction de salaire que cela représente. Des « arrêts conjoncturels » sont prévus dans des entreprises de pétrochimie dépendant de Total. Et combien de petites entreprises qui ferment leurs portes ?

Mais si les ministres ont changé de langage d'un seul coup, ce n'est pas tant parce qu'il est difficile de nier l'évidence. Encore moins par un subit accès d'honnêteté, attitude inconnue d'hommes capables de répéter depuis des années qu'il était impossible de combler les 10 milliards de déficit de la Sécurité sociale sans mettre à contribution les malades eux-mêmes, mais qui ont trouvé 650 milliards pour aider les banquiers et le patronat ! Si ces menteurs professionnels trouvent des accents dramatiques pour décrire la gravité de la crise, c'est pour faire accepter, au nom de la difficulté de la situation, les mesures qui se préparent contre le monde du travail.

Les centaines de milliards d'euros évanouis dans la crise financière, puis dans le krach boursier, viennent déjà des sacrifices imposés au monde du travail. Ces sommes ont été accumulées en aggravant l'exploitation, en bloquant les salaires, en usant à mort les travailleurs. Tout cela pour leur extorquer ces profits qui viennent de partir en fumée. Et ils voudraient faire passer la facture une deuxième fois !

S'ils y parvenaient, ce serait une nouvelle explosion du chômage, une aggravation de la précarité, une réduction brutale du pouvoir d'achat, ne serait-ce que par une inflation relancée, une nouvelle dégradation des services publics, à commencer par les hôpitaux publics et les écoles des quartiers populaires.

Un système économique qui veut cela, qui démolit les conditions d'existence de la seule classe productive de la société dans le seul but de remettre en route la machine à profit en faveur des patrons, des banquiers et des actionnaires, est un système pourri jusqu'à la moelle.

Les travailleurs n'ont pas à payer pour la classe sociale qui a conduit la société à ce désastre. C'est aux capitalistes, aux banquiers, au patronat, de payer pour les pots qu'ils ont eux-mêmes cassés. Leurs profits diminuent ? Mais il y a tous les profits accumulés dans le passé ! Ils étaient gigantesques.

Pour le monde du travail, la seule nécessité, mais elle est impérative, est de défendre l'emploi et le pouvoir d'achat des salaires. Malgré leur morgue, les dirigeants politiques de la bourgeoisie commencent à dire que la crise économique risque d'être suivie d'une crise sociale. Ils ont des raisons de craindre que les travailleurs finissent par en avoir assez de payer et que cela finisse en explosion sociale.

C'est dans leur crainte qu'il y a un espoir pour les travailleurs. Une explosion sociale est nécessaire pour imposer l'interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire, seule façon de préserver l'emploi. Elle est nécessaire pour imposer l'indexation automatique des salaires sur les prix afin de sauvegarder le pouvoir d'achat.

La crise met tellement en évidence l'irresponsabilité criminelle des patrons et des banquiers, qui monopolisent la direction de l'économie, que leurs porte-parole politiques eux-mêmes parlent de transparence et de contrôle. Mais ce n'est pas aux brigands de se contrôler entre eux. La seule garantie de transparence, c'est de supprimer le secret des affaires derrière lequel patrons et banquiers commettent leurs forfaits. Le seul contrôle qui ait un sens, c'est le contrôle de toutes les entreprises, de toutes les banques, par leurs travailleurs et par la population.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 27 octobre

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