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Leur société
Un président pour l'Eurogroupe ? La petite tête qui gonfle, qui gonfle...
Mardi 22 octobre, devant le Parlement européen, Sarkozy a implicitement posé sa candidature à un poste qui n'existe plus depuis Charlemagne et qu'il pense urgent de recréer : chef de l'Europe.
Les arguments de Sarkozy ont le mérite de la simplicité. Dans la crise économique actuelle, dit-il, l'Europe doit être gouvernée d'une main ferme. Et, toujours selon lui, depuis qu'il préside l'Union européenne, il a arrêté la guerre entre la Géorgie et la Russie et obligé l'armée russe à évacuer ses troupes, il a réussi à créer l'unité des pays européens pour sortir de la crise financière, il a indiqué à Bush les voies et les moyens de refonder le système capitaliste mondial. Tout cela, entre autres travaux d'Hercule, réalisé avec ses petits bras. Sarkozy est donc tout désigné pour présider aux destinées du continent.
La présidence française se terminant à la fin de l'année et le coup d'État étant inenvisageable, Sarkozy propose donc que les chefs des exécutifs des pays constituant la zone euro, l'Eurogroupe, se réunissent régulièrement et désignent l'un d'entre eux comme leader, suivez son regard... Le président français resterait ainsi en charge de l'Europe jusqu'en 2011.
Loin de déclencher un éclat de rire général, cette nouvelle prétention a recueilli un concert de louanges plus ou moins appuyées de nombre de commentateurs dans la presse française. Ces derniers savent pourtant que la guerre en Géorgie s'est arrêtée lorsque la Russie l'a bien voulu et à ses conditions ; que l'unité des pays européens face à la crise n'est qu'une façade ; et que Bush, qui ne décide lui-même d'ailleurs plus de rien, ne reçoit Sarkozy que par diplomatie, pour ne pas dire par politesse.
Mais qu'importe. Quand une grenouille veut se faire aussi grosse que le boeuf, il y a toujours des flatteurs pour applaudir.