- Accueil
- Lutte ouvrière n°2104
- Crise dans l'automobile, le sauve-qui-peut... pour les profits
Dans les entreprises
Crise dans l'automobile, le sauve-qui-peut... pour les profits
Après le chômage une semaine sur deux à l'usine Renault de Sandouville, ce fut l'annonce d'un mois de chômage à l'usine PSA de Sochaux à partir du 8 décembre, puis celle des 90 jours chômés chez Renault Trucks, à Saint-Priest, en 2009. Chez Renault, l'usine de Douai fermera un mois entre décembre et janvier ; à l'usine de Flins, six jours seulement auront été travaillés en novembre et de nouvelles journées chômées sont prévues en plus des deux semaines de fin d'année ; à Cléon, au Mans, à MCA Maubeuge, les travailleurs auront, fin 2008, totalisé environ un mois de chômage. À Poissy, la direction de l'usine PSA fermera les portes un mois à partir du 9 décembre.
Dans d'autres usines européennes, c'est le même régime : Renault fait chômer deux semaines les travailleurs de Bursa en Turquie, ceux de Palencia et Valladolid en Espagne, ainsi que ceux de Dacia à Pitesti, en Roumanie.
Cette baisse de la production des véhicules a évidemment un retentissement chez les équipementiers. La direction de Faurecia, pour ne prendre qu'un exemple, annoncerait une fermeture de certains services de l'usine de Flers, dans l'Orne, pendant une voire plusieurs semaines d'ici fin 2008, invoquant le flux tendu de ses productions... interrompu par les clients Renault ou PSA. Les autres industries liées à l'automobile, Michelin et ses pneus, les produits Henkel, s'empressent elles aussi de " réduire la voilure ", comme disent les patrons pour parler de leur plan de sauvegarde de leurs profits.
Car c'est bien de cela qu'il s'agit. Carlos Ghosn, le PDG de Renault, a prévenu les gros actionnaires que la " marge opérationnelle " du groupe, envisagée à 4,5 % pour l'année 2008, serait peut-être finalement de 2,5 ou 3 %. Mais, pas de panique, il promet néanmoins de leur distribuer globalement, comme prévu, un milliard d'euros de dividendes. Sur trois trimestres le volume des ventes, qui a augmenté de 2 %, est là pour attester de la bonne santé des profits.
Mais pour les travailleurs, qui sont considérés en l'occurrence comme une variable d'ajustement de ces profits, cela signifie des milliers de suppressions d'emplois, du chômage total - ne serait-ce que pour des milliers d'intérimaires - ou partiel, des pertes sur le salaire, comme chez Renault à Sandouville, Michelin ou Dacia en Roumanie, et dans tous les cas des manipulations des congés des salariés pour payer les fermetures d'usines.
Il faut être clair : Renault a dégagé, grâce à l'exploitation constamment en hausse de dizaines de milliers de salariés, 1,46 milliard d'euros de profits rien que pendant les six premiers mois de l'année, et sa fameuse " marge " n'avait pas été aussi élevée depuis longtemps. Si les patrons de l'automobile veulent " réduire la voilure ", c'est sur ces profits, sur les 15,9 milliards accumulés depuis huit ans seulement sur la sueur, la santé et parfois la vie des travailleurs, qu'il faut prendre ! Il est urgent de le leur imposer.