Il faut un plan de relance... des luttes des travailleurs !11/12/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/12/une2106.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Il faut un plan de relance... des luttes des travailleurs !

Le gouvernement a fait grand bruit autour du « plan de relance » de l'économie annoncé le 4 décembre à Douai par Sarkozy, un plan qui avec ses 26 milliards d'euros fait cependant pâle figure auprès des 360 milliards d'euros de crédits ouverts aux banques à la mi-octobre et des 300 autres milliards d'euros débloqués pour les banquiers et les industriels dans les jours suivants. En fait, cette annonce n'est qu'un tour de passe-passe destiné à faire croire à la population que Sarkozy et son gouvernement s'attaquent vraiment à la crise... en annonçant quelques dépenses qui étaient souvent prévues depuis longtemps.

Sarkozy veut faire croire qu'il se porte au secours de tous les Français. Il a eu des trémolos dans la voix pour s'apitoyer sur le sort des plus pauvres, mais c'est pour promettre en tout et pour tout une aumône de 200 euros de prime exceptionnelle, fin mars 2009, pour ceux qui toucheront le RSA. Quant aux dizaines de milliers de travailleurs qui ont perdu leur emploi ou qui vont le perdre, à tous ceux dont les salaires ont été amputés et vont continuer à l'être par le chômage partiel, qu'ils se débrouillent.

Pour les patrons, il y avait en revanche quelques mesures intéressantes : de nouvelles exonérations de cotisations sociales pour les petites entreprises, la prime à la casse destinée à soutenir le marché pour les constructeurs de voitures... même si ce n'est pas cette prime qui va décider ceux qui ont déjà tant de mal à joindre les deux bouts à changer de véhicule.

Pour faire sérieux, Sarkozy a même annoncé la création d'un ministère chargé de la « relance » qui sera confié à Patrick Devedjian. Mais comme toute la presse l'a souligné, cette nomination est surtout une manière de retirer, sans faire trop de vagues, à Devedjian la présidence de l'UMP, où il était devenu indésirable. Cela en dit long sur le peu d'intérêt que le président de la République porte en fait à ce nouveau ministère. La « relance » n'étant, comme au poker, qu'un effet d'annonce !

Par contre, ce ne sont pas les gens prêts à voler de toutes les manières possibles au secours des possédants, grands et petits, qui manquent dans l'entourage gouvernemental. À preuve ce sénateur UMP, Philippe Marini, qui avait déposé un projet d'amendement visant à permettre aux actionnaires ayant subi des pertes à la suite de la chute de la Bourse de déduire celles-ci de leurs impôts.

La proposition de Marini était si grossière qu'elle n'a pas fait l'unanimité parmi ses amis de la majorité. « Séduisante » pour les uns, « demandant réflexion » pour d'autres, elle a été rapidement retirée sous pression du gouvernement tant elle était gênante. Mais elle s'inspirait d'un raisonnement classique dans le monde des possédants : quand il y a des bénéfices, ce sont eux qui encaissent ; quand il y a des pertes, c'est à l'État de compenser.

C'est là l'essence de la politique que mène le gouvernement depuis que la crise bancaire a éclaté et que l'industrie s'enfonce dans la récession. Et cela durera, tant que nous ne leur aurons pas flanqué une trouille salutaire, en leur montrant que nous ne sommes pas disposés à tout supporter éternellement.

Tous les commentaires l'ont dit : dans les manifestations et les affrontements qui ont secoué la Grèce depuis le week-end dernier, il n'y avait pas seulement la révolte des étudiants indignés par l'assassinat d'un jeune de quinze ans par la police. Il y avait aussi toute la rage accumulée par la population pauvre devant l'injustice de cette politique qui fait retomber tout le poids de la crise du système capitaliste sur les exploités. Cela a ouvert une crise politique qui met en cause l'existence même du gouvernement, malgré tous les efforts des ministres qui se précipitent à la radio et à la télévision pour jurer que toute la vérité serait faite sur ce meurtre.

En France, les responsables des grandes organisations syndicales ont tous critiqué le vide du plan de relance de Sarkozy. Fort bien. Mais pour changer les choses, il ne suffit pas de critiquer le gouvernement, il faut une riposte de la classe ouvrière.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 8 décembre

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