Cameroun : Un an après les émeutes de la faim, une vengeance contre les pauvres28/01/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/01/une2113.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Cameroun : Un an après les émeutes de la faim, une vengeance contre les pauvres

Au Cameroun, 18 personnes ont été condamnées à des peines allant de cinq mois à quinze ans de prison au terme d'un procès qui avait débuté en juillet dernier. Elles étaient accusées d'avoir participé ou d'avoir incité aux émeutes de la faim il y a près d'un an, fin février 2008, dans la petite ville de Njombé-Penja.

Dans cette ville, comme dans le pays, la population protestait contre la hausse intolérable des prix et contre une révision constitutionnelle permettant au dictateur Paul Biya de se représenter en 2001. Ces manifestations avaient subi une répression sanglante. Mais Njombé-Penja, où neuf jeunes avaient été tués par l'armée, est au coeur de grandes plantations de bananes. Privatisées en grande partie en 1991, elles appartiennent aujourd'hui à deux sociétés dirigées par des Français expatriés. Celles-ci se sont portées partie civile et ont obtenu gain de cause dans ce procès : plusieurs accusés devront payer solidairement 1,2 million d'euros de dommages et intérêts à la société des plantations du Haut-Penja qui est une filiale de la Compagnie fruitière, française.

Parmi les condamnés figure Paul-Eric Kingué, le maire de Njombé-Penja, condamné à six ans ferme. Pourtant élu sur la liste du parti gouvernemental en juillet 2007, il avait été jeté en prison et révoqué par Biya à la suite des émeutes. Lors de manifestations, il avait eu l'audace de témoigner à la télévision des tirs des forces de l'ordre sur des civils et révélé des noms de victimes. Plus grave, dès sa prise de fonction quelques mois plus tôt, ce maire avait constaté, dans les livres comptables de sa commune, que « les sociétés agro-industrielles exerçant dans cette localité ne payaient pas des impôts et taxes depuis bientôt trente ans (patente, impôts sur les sociétés, enregistrement...) ». Il avait saisi le gouvernement, soulignant que sa commune est située dans « une zone très riche, avec des populations très pauvres », dont les salaires sur les plantations ne dépassent pas 25 000 francs CFA par mois (37,70 euros). Selon le maire, deux directeurs de sociétés l'avaient menacé de le faire emprisonner, voire assassiner. C'était peu de temps avant les émeutes de la faim.

Si ce maire, qui continue de se réclamer du parti gouvernemental, est traité de la sorte, on imagine ce qu'il en est des travailleurs sur les plantations, des chômeurs, face à la dictature des sociétés fruitières, appuyée par la dictature politique d'un Biya qui a les faveurs du gouvernement français.

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