Israël : L'impasse d'une politique guerrière11/02/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/02/une2115.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël : L'impasse d'une politique guerrière

Les premiers résultats des élections israéliennes du 10 février donnaient 28 sièges au parti du centre Kadima, un siège d'avance sur la droite du Likoud (27 sièges). Le parti d'extrême droite Israël Beteinou de Lieberman obtenait 15 sièges, soit moins que ce que les sondages lui prédisaient. Le Parti Travailliste de Barak, lui, n'obtenait que 15 sièges. En perdant 6 sièges, il réalise le plus mauvais résultat de son histoire.

Vu le faible écart entre les deux partis arrivés en tête, aussi bien la dirigeante de Kadima, Tzipi Livni, que le chef du Likoud, Benyamin Netanyahou, revendiquent le droit de prendre la tête du prochain gouvernement de coalition.

Même si Kadima arrive en tête, c'est le Likoud de Netanyahou qui pourrait être en meilleure position pour bâtir une coalition. La coalition sortante Kadima-Parti Travailliste avait choisi encore une fois de faire étalage de la force militaire d'Israël en menant pendant trois semaines une guerre meurtrière aux Palestiniens de la bande de Gaza. Il y avait dans cette offensive une grande part de calcul électoral. Mais cette concurrence entre partis à qui serait le plus va-t-en-guerre ne pouvait que favoriser les plus à droite. Et Netanyahou, même arrivé en second, est en position d'arbitrer car il peut choisir de s'allier avec l'extrême droite si Kadima n'accepte pas ses exigences.

Cependant on ne peut exclure qu'une autre coalition voie le jour, si les deux partis arrivés en tête choisissaient d'écarter l'extrême droite. Cela n'empêcherait cependant pas celle-ci de peser sur la politique israélienne.

Il est vrai que, dans tous les cas, les dirigeants des quatre partis arrivés en tête ne montrent pas de grosses différences quand il s'agit de faire la guerre aux Palestiniens ou de poursuivre la colonisation de la Cisjordanie. Mais les électeurs israéliens qui ont choisi de donner leur voix à l'extrême droite parce qu'ils veulent « faire peur aux Arabes », comme ils disent, n'ont fait que s'enfermer eux-mêmes un peu plus dans l'impasse où ils sont déjà plongés par le refus de leurs dirigeants de rechercher un règlement politique avec les Palestiniens. Au fil de ces dernières années, les dirigeants israéliens, qui ont tout fait pour bloquer les différentes tentatives de règlement, ont réussi à en rejeter la responsabilité, aux yeux de leur opinion publique, sur les seuls Palestiniens.

La fuite en avant vers des guerres successives, l'idée que seul un continuel étalage de force et une politique terroriste contre ses voisins pourront amener la paix à la population israélienne ne font pas qu'enfoncer la société dans une militarisation permanente. Cela a aussi des conséquences terribles pour la vie quotidienne de la population.

Un quart des Israéliens, soit 1,6 million de personnes, vivent actuellement en-dessous du seuil de pauvreté et connaissent même des problèmes de sous-alimentation. Mais, en se focalisant sur la guerre, sur le rejet des Arabes que l'extrême droite a largement étendu aux Arabes israéliens, c'est-à-dire aux Palestiniens ayant la nationalité israélienne, la campagne électorale a totalement évacué les problèmes sociaux d'Israël. À ceux-ci s'ajoutent aussi les conséquences de la crise capitaliste actuelle, puisqu'en décembre dernier 17 500 personnes ont perdu leur emploi. Mais seul le Hadash, coalition conduite par le Parti Communiste qui organise aussi bien des Juifs que des Arabes israéliens et a fait campagne sur le thème « Juifs et Arabes refusent d'être ennemis », a évoqué ces problèmes, bien réels, pendant les élections. Cette coalition conduite par le PC semble avoir augmenté ses voix et pourrait obtenir quatre ou cinq sièges contre trois auparavant.

Les tractations vont maintenant commencer pour former le prochain gouvernement. On ne peut prévoir la configuration qui sortira de ces grandes manoeuvres politiciennes ; en revanche, il est évident qu'aucun des principaux dirigeants ne propose à la société israélienne de sortir de cette impasse où elle s'enfonce. Car il n'y a pas d'issue, y compris pour la population israélienne, si elle ne rompt pas avec la politique de guerre et de colonisation à outrance préconisée par ses dirigeants, pour rechercher une coexistence et une coopération avec ses voisins palestiniens, et arabes en général.

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