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- Lutte ouvrière n°2116
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Ile de La Réunion : Vers une grève générale ?
Un appel à la grève générale a été lancé pour le 5 mars par un collectif qui regroupe les principaux syndicats et partis politiques de gauche de l'île de La Réunion, ainsi que diverses autres associations. Pour l'instant l'appel est limité à une seule journée. Les principales revendications retenues par les membres du collectif sont : une hausse immédiate de 200 euros net de tous les salaires, de tous les revenus sociaux, des retraites et des bourses étudiantes ; la baisse de 20 % du prix des produits de consommation courante ; le gel en 2009 des prix des loyers des logements sociaux et la baisse de cinq euros sur le prix de la bouteille de gaz.
Et c'est bien le moins que les travailleurs sont en droit d'exiger. Leur situation est des plus difficile : chômage massif, salaires trop bas. Même les travailleurs qui gardent un emploi sont sous la menace de licenciement et subissent de plein fouet l'aggravation des conditions de travail comme de vie. L'Insee vient d'informer qu'au mois de janvier 2009 les produits alimentaires frais ont augmenté en moyenne de 10,4 % en un mois. Faisant une comparaison sur l'évolution des prix de quelques produits de base, cet organisme officiel a par exemple constaté que le prix du riz (sachet de deux kilos) a augmenté en un mois de près de 43 %, celui de l'huile de 30 % ou celui du beurre de 13 %. En fait, la plupart des produits de première nécessité ont connu de très fortes augmentations des prix. Il est normal que des travailleurs ne l'acceptent pas.
Le collectif, qui compte à ce jour 25 membres, s'est créé dans la foulée de la grève du 29 janvier. Lors d'une première réunion qui a eu lieu le 5 février, une déclaration de solidarité avec le peuple guadeloupéen a été adoptée. La lutte des travailleurs antillais, leur détermination, la profondeur de leur mouvement, la participation massive de la population forcent l'admiration et laissent espérer à beaucoup une extension de la grève qui puisse faire reculer le patronat et le gouvernement.
Il est vrai qu'il ne semble pas que les plus importantes organisations du collectif, en particulier les principaux syndicats et le Parti Communiste Réunionnais, veuillent véritablement construire un mouvement d'une telle ampleur. Ils ne cessent de dire que chacun doit avoir son propre rythme, ses propres revendications, mettant en avant la spécificité réunionnaise ; une façon d'insister plus sur les différences que les ressemblances. Pourtant, avec la grève des Antilles, il saute aux yeux que les intérêts des travailleurs sont communs : les revendications pour lesquelles les Antillais se battent étant les mêmes que celles posées par les travailleurs de La Réunion.
Mais la grève du 5 mars, même encore trop lointaine, doit être une réussite et le début d'un mouvement ample et profond. Et d'ici là il faut que le patronat, et avec lui les représentants de l'État, constatent que la volonté d'obtenir satisfaction s'élargit, s'approfondit. Pour cela, les travailleurs doivent partout être consultés, réunis. Il faut qu'ils puissent discuter de la grève à venir et la préparer de la façon la plus efficace qui soit ; c'est-à-dire avec la plus grande participation possible et en toute démocratie. Une telle préparation publique pèserait par la crainte qu'elle pourrait d'ores et déjà inspirer. Et plus l'inquiétude grandira dans le camp adverse, plus les travailleurs seront dans une situation favorable.