- Accueil
- Lutte ouvrière n°2123
- La Poste Paris 14e - Distribution du courrier : Du service public au sévice public
Dans les entreprises
La Poste Paris 14e - Distribution du courrier : Du service public au sévice public
Mais les postiers ne sont pas les seuls à souffrir de ces réorganisations incessantes. Ainsi les usagers, et en particulier ceux des quartiers populaires de l'arrondissement, ont appris à leurs dépens les conséquences de toutes ces suppressions d'emplois.
Pour la direction de La Poste, il y a deux sortes de clients : les VIP (personnalités du monde du spectacle, des affaires ou de la politique...) et les usagers des cités HLM.
Dans les cités populaires de l'arrondissement, la distribution du courrier a toujours posé des difficultés, du fait qu'un même numéro de rue peut correspondre à plusieurs bâtiments ou à plusieurs halls d'entrée. Distribuer le courrier sur les immeubles longeant le boulevard Brune (Paris Habitat, ex-OPAC) par exemple, nécessite que les facteurs connaissent les usagers ou bien numérotent chaque lettre par numéro de hall selon un listing (remis régulièrement à jour) : une tâche particulièrement longue et fastidieuse. Cette perte de temps s'est amplifiée, ces dernières années, car de moins en moins de gardiennes distribuent le courrier dans ces quartiers.
Aussi, après les dernières charrettes de suppressions d'emplois de 2004 et de 2008 (près de 70 facteurs en moins), La Poste a-t-elle décidé de ne plus distribuer que le courrier préalablement numéroté par hall (lettres ou recommandés) par les correspondants et de retourner à l'expéditeur celui insuffisamment adressé, une chose inimaginable par les usagers et les postiers il y a encore cinq ans. Le dernier exemple de cette dégradation de la distribution du courrier date de janvier 2009.
Depuis cette date, les habitants des immeubles du 207 au 223 rue Vercingétorix sont pris pour cible par la direction. Cette fois, il ne s'agit même pas de numéro de hall manquant, puisque chaque numéro d'adresse correspond bien à une seule entrée, mais de numéro de boîtes aux lettres.
Surnommés « Le Titanic » par les facteurs du 14e, les immeubles de ce quartier ont des immenses batteries de boîtes aux lettres où un facteur novice peut vite se « noyer » si un travail de numérotation n'est pas préalablement effectué. La direction considérant donc que les usagers ont été suffisamment informés, la distribution du courrier sans numéro de boîte préalablement inscrit sur l'adresse n'est plus effectuée. Les facteurs du quartier ont eu beau protester contre cette aberration, la hiérarchie n'a rien voulu savoir.
En attendant que les usagers fassent les démarches de modification d'adresse auprès des correspondants (ce qui n'est pas forcément simple), les facteurs envoient chaque jour au rebut une caisse entière de courrier, et pas seulement de la publicité : des cartes postales ou des faire-part de décès, des magazines, du courrier des Assedic ou des caisses de retraite, des résultats d'analyses de laboratoires, du courrier provenant des hôpitaux, des factures EDF ou des abonnements Internet passent ainsi sous le tampon « courrier retardé », « adresse incomplète, retour à l'envoyeur »...
Devant le mépris affiché de la direction de La Poste, des habitants scandalisés ont fait circuler une pétition et créé un « collectif d'usagers très en colère ». Et ils ont raison, car c'est bien seulement la colère des usagers et des postiers qui pourra arrêter l'évolution catastrophique de ce service encore public.