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Sur la sale guerre à Gaza : Des soldats israéliens témoignent
Plusieurs soldats israéliens ont témoigné de la violence de l'invasion de la bande de Gaza lancée en décembre et janvier derniers par l'armée israélienne. Cette offensive militaire, censée mettre fin aux tirs de roquettes du Hamas sur Israël, s'est soldée par près de 1 400 morts et de 5 000 blessés côté palestinien et de dix soldats et trois civils tués, côté israélien.
Plusieurs associations des Droits de l'Homme avaient déjà accusé l'armée israélienne d'avoir délibérément tué des civils lors de l'offensive sur Gaza. Elles s'appuyaient sur des témoignages recueillis notamment auprès de Palestiniens habitant dans la bande de Gaza.
Cette fois, il s'agit de récits de soldats ayant combattu sur le terrain. Publiés par l'association de réservistes et d'appelés Shrovim Shtika (Rompre le silence), les témoignages des soldats israéliens dénoncent « les pratiques acceptées » de l'armée israélienne.
« Nous avions l'ordre de tirer d'abord et de réfléchir ensuite » raconte un soldat. Un autre décrit les consignes reçues par son supérieur : « Pas un cheveu de mes soldats ne doit tomber et je ne veux pas qu'un de mes soldats prenne des risques en hésitant. Si vous n'êtes pas sûrs, tirez ! ». Après la désastreuse opération militaire au Liban en 2006 - censée infliger une défaite au Hezbollah et qui fut un échec sanglant, se soldant pour la première fois depuis longtemps par de nombreux morts et blessés côté israélien - la priorité de l'armée israélienne était en effet de minimiser ses pertes pour s'assurer du soutien de la population israélienne.
La violence des moyens utilisés lors de la guerre contre Gaza du 27 décembre au 18 janvier derniers, cyniquement baptisée « opération Plomb durci », a été telle qu'il n'y eut pratiquement aucun combat. Les hommes du Hamas se sont terrés ou enfuis, et seule la population a été prise au piège, n'ayant nulle part où aller. « L'impression générale était qu'on était ici pour tuer et que cela ne perturbait personne », relate encore un autre soldat. Des quartiers entiers ont été dynamités, des zones agricoles complètement ravagées. Des rues entières de Gaza ont été rasées pour réduire le risque de tireurs embusqués et de pièges explosifs. « Il ne restait plus rien debout dans notre zone. C'était comme les films de la Première Guerre mondiale où plus rien ne restait » affirme un soldat.
Les soldats dénoncent aussi l'emploi de phosphore blanc dans les rues de Gaza ainsi que l'utilisation de boucliers humains contraints de pénétrer dans des immeubles sous la menace des armes afin de vérifier s'ils étaient piégés. Dans le jargon militaire, ces boucliers humains étaient appelés « Johnnies ». Ces méthodes avaient déjà été largement employées lors de l'opération « Bouclier défensif » lancée contre la Cisjordanie en 2002 qui avait abouti aux massacres dans les camps de réfugiés de Jénine.
Ainsi, sous prétexte de mettre fin aux tirs de roquettes du Hamas, l'armée israélienne a sciemment et délibérément massacré la population palestinienne de Gaza en espérant écraser toute velléité de révolte. Elle y a peut-être réussi pour un temps. Mais les conditions de vie, déjà très difficiles avant l'offensive guerrière, sont devenues tellement atroces que la population, poussée à bout, n'aura d'autre choix que de se révolter à nouveau pour tenter de desserrer l'étau qui l'oppresse, notamment au travers du blocus implacable que continue d'imposer l'État d'Israël sur la bande de Gaza.
Il faut espérer que ces témoignages de soldats - même si c'est sous couvert d'anonymat - sur les exactions de leur armée contribueront à ouvrir les yeux à la population israélienne, en partie prisonnière de la logique guerrière de ses gouvernements.