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- Lutte ouvrière n°2144
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Leur société
Pénurie de logements : Les maisons à 15 euros par jour, une fumisterie !
Au bout de dix-huit mois, les premières maisons dites « à 15 euros par jour » commencent à sortir de terre. Mais elles ne sont qu'une poignée et coûtent bien plus cher que prévu.
Quand ce dispositif avait été lancé, Christine Boutin, alors ministre du Logement, avait annoncé la « remise des clefs à 30 000 heureux propriétaires d'ici fin 2010 ». Il était présenté comme donnant la possibilité aux ménages modestes d'accéder à la propriété, puisqu'il s'adressait à des couples ayant au moins deux enfants dont les revenus nets mensuels étaient compris entre 1 500 et 2 000 euros. Mais ce n'était en réalité qu'une opération médiatique destinée à donner l'impression que le gouvernement faisait quelque chose pour régler le problème dramatique du manque de logements sociaux. Derrière l'offre alléchante d'être propriétaire à 15 euros par jour, on proposait aux familles de s'endetter pendant 25 ans pour acheter la maison, puis de continuer à payer des mensualités pendant 15 ans supplémentaires pour acheter le terrain. Devenir propriétaire, oui, mais bien après la retraite... et si le couple n'avait pas eu de problèmes de chômage ou de divorce entre temps !
Comme c'était prévisible, le bilan de cette opération est aujourd'hui aussi calamiteux que celui des maisons à 100 000 euros de Borloo ! Il concerne d'abord très peu de gens, car d'une part les banques rechignent à accorder des crédits aux ménages modestes concernés, d'autre part les terrains peu chers susceptibles de convenir sont rares, sans parler des démarches administratives particulièrement lourdes pour boucler ce type de dossier. Selon le gouvernement lui-même, seulement 4 à 5 000 projets sont en cours, et une poignée de maisons ont été construites. Et, pour les rares ménages qui ont franchi toutes les étapes et qui sont parvenus à acheter une maison avec ce dispositif, la réalité n'est pas tout à fait conforme à ce qui était promis... En particulier en ce qui concerne les mensualités exigées. Il ne s'agit pas de 15 euros par jour, mais plutôt de 20 à 30 euros, c'est-à-dire 600 à 900 euros par mois !
Ce dispositif n'est que de la poudre aux yeux, tout comme l'est la loi Dalo (droit au logement opposable) qui était sensée résoudre le problème des mal-logés et qui n'a fourni un logement qu'à quelques milliers de personnes, alors que 650 000 personnes seraient concernées par la loi et que près de 3 millions de plus sont mal logées.