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- Lutte ouvrière n°2146
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Dans les entreprises
Molex - région toulousaine - Patrons hors la loi et gouvernement complice
Finalement, lors d'un vote à bulletin secret, le 15 septembre, une majorité de travailleurs de Molex a accepté, la rage au ventre, le diktat du patron et du gouvernement par 140 voix contre 74.
C'est le 9 septembre qu'il a été question d'un nouveau repreneur. Ce jour-là, plusieurs centaines de travailleurs étaient venus apporter leur soutien aux 280 salariés de Molex : ceux de Labinal (sur le même site) dont une partie avait débrayé, ceux de Freescale en grève contre leurs licenciements, venus à près de 70. Il y avait aussi une délégation de Ford Blanquefort (dans la banlieue de Bordeaux) aux prises avec un repreneur, ainsi que de Continental-Toulouse, et d'autres entreprises de la région.
Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault a pris la parole lors de ce rassemblement. Son intervention n'a pas enflammé les foules, ce qui n'était d'ailleurs pas son but : il n'a été question que de « politique industrielle » et... d'un nouveau repreneur pour une partie de l'activité. Quelques jours après, on apprenait que le fameux repreneur, un fonds d'investissement américain, se portait acquéreur pour les produits Molex « en fin de vie » avec le maintien... d'une vingtaine d'emplois, et peut-être dans un avenir incertain, soixante si ça se passe bien. Et cette belle histoire sans aucune garantie, sinon les deniers publics pour le démarrage. C'était déjà dans les propositions de Molex il y a six mois, propositions rejetées unanimement par les salariés à l'époque. Bien piètre résultat pour les discussions, très suivies et fréquentes semble-t-il, de Thibault avec le ministre Estrosi et Sarkozy lui-même : on a la « politique industrielle » qu'on peut quand ce sont les patrons qui décident de tout dans cette société !
Cette proposition de reprise très partielle, qui a l'aval du gouvernement et de la direction Molex, est conditionnée par l'acceptation des nouvelles dispositions du plan « social », qui ont, elles aussi, l'agrément du gouvernement. En gros, il s'agit des mêmes propositions qu'il y a onze mois, avec un peu plus d'indemnités de départ : 50 000 euros par salarié (mais il s'agit d'un chiffre moyen), bien loin des propositions syndicales qui évoquaient non pas une moyenne mais un minimum de 120 000 euros.
Lors de l'assemblée générale du 15 septembre, les termes de ce chantage ont été accueillis fraîchement par les 150 travailleurs présents. Les réflexions fusaient dans les groupes de discussion : contre les politiques baratineurs, qu'ils soient de droite ou de gauche, contre l'État au service des patrons, contre les patrons délinquants qui font la loi. D'autres affirmaient qu'il fallait refuser de céder au chantage, au nom de la justice et de la dignité, qu'on ne s'était pas battu pendant onze mois pour revenir à la case départ. Mais d'autres manifestaient aussi leur lassitude et leur volonté d'en finir.
C'est finalement ce sentiment qui l'a emporté : à l'heure où nous écrivons, lors du vote à bulletin secret organisé mardi 15 à 22 heures, une majorité de travailleurs a finalement décidé d'accepter les conditions du plan « social ».
Pendant qu'on a amusé la galerie avec les discours sur les repreneurs, et des plans de licenciements au rabais, l'État a laissé faire les patrons de Molex qui ont foulé au pied les décisions de justice, qui ont refusé de payer l'intégralité de la paie d'août, et qui ont joué les maîtres chanteurs. Politiciens, justice, État, ils sont tous dans le même camp, celui des licencieurs et des profiteurs. Oui, comme l'affirmait une syndicaliste de la CGT Labinal, « les patrons délinquants comme Molex, mériteraient mille fois la mise sous séquestre de leurs biens et avoirs », en concluant à juste titre, « ce n'est pas les uns après les autres, le dos au mur, qu'on gagnera contre patronat et gouvernement, mais tous ensemble ! ».