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- Lutte ouvrière n°2154
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Leur société
Remise en cause de la prise en charge des affections de longue durée : Une crapulerie contre les malades
Le Parlement a adopté le 3 novembre le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2010, qui prépare de nouvelles amputations des remboursements, dont celle des affections de longue durée (ALD), ces maladies qui nécessitent un suivi, des soins et des traitements coûteux. Aujourd'hui, pour ces malades, la totalité des traitements est prise en charge à 100 % par la Sécurité sociale, à l'exception notable des franchises médicales (un euro sur chaque consultation, 0,50 euro par boîte de médicaments, etc.). La Sécurité sociale reconnaît 30 affections de longue durée, qui concernent huit millions de malades victimes, par exemple, d'accidents vasculaires cérébraux invalidants, de diabète, de la maladie d'Alzheimer ou encore de cancers. La prise en charge de ces ALD représente 62 % des dépenses de l'assurance maladie.
Pour le gouvernement, les ALD cela fait sans doute trop de malades et surtout cela coûte trop cher. En 2008, Bachelot s'y était déjà attaquée mais elle avait dû reculer devant les protestations. Un an plus tard, le gouvernement revient à la charge en s'en prenant, cette fois, à la prise en charge d'une des 30 ALD, les cancers.
Sarkozy, en présentant son plan cancer le 2 novembre, a apporté son appui au projet de loi de financement de la la Sécurité sociale qui propose de ne « renouveler l'ALD cancer, au-delà de la durée initiale de cinq ans, que lorsqu'il y a nécessité de poursuite d'une thérapeutique lourde ou de prise en charge de séquelles liées à la maladie ou au traitement ». En s'appuyant sur des études qui donnent le chiffre de 60 % de cancers curables et notent l'augmentation des perspectives de guérison, le gouvernement entend exclure de l'ALD tous les cancéreux considérés comme « guéris » au bout de cinq ans. Mais justement, un malade peut très bien connaître une rémission de son cancer pendant cinq ans, mais ne pas être à l'abri d'une récidive. Tout le problème est alors de prévenir ces récidives par un suivi médical rigoureux, qui nécessite une prise en charge éventuellement coûteuse. Pour faire des économies, le gouvernement prend le risque que ce suivi médical soit délaissé et que des dépistages précoces de rechute n'aient pas lieu.
Avec cette nouvelle attaque contre les ALD, le gouvernement s'en prend une fois de plus au système de santé, au nom d'économies pour combler le « trou » de la Sécurité sociale. Mais il reste toujours aussi généreux avec les patrons, dont le total des exonérations de cotisations sociales s'élève à plus de 22 milliards d'euros, ou avec les laboratoires pharmaceutiques, à qui il vient de verser plus de 800 millions d'euros, sans discuter les prix, pour l'achat des vaccins antigrippe H1N1.