C'est à une véritable mascarade que s'est livré le gouvernement israélien en annonçant mercredi 25 novembre son prétendu gel de la colonisation pour une période de dix mois. Comme un voile totalement mité, le plan de Netanyahou laisse transparaître la réalité de la politique que mène Israël en ce domaine : une politique faite de dépossessions, de vols de terres au mépris des droits élémentaires qui devraient être reconnus aux Palestiniens.

La définition de Netenyahou d'un gel de la colonisation est des plus surprenantes car, quand on y regarde de près il s'agit tout au plus d'un ralentissement de la colonisation, si ce n'est d'un simple déplacement de celle-ci.

Tout d'abord, la décision ne concerne pas Jérusalem-Est où, a précisé Netanyahou, « aucune restriction ne sera appliquée dans notre capitale souveraine ». Jérusalem-Est est une zone qui a été annexée en 1967 et d'où les Palestiniens sont petit à petit expulsés, parqués dans des quartiers restreints, eux-mêmes enserrés par des murs de séparation. De véritables ghettos en quelque sorte. Et ce ne sont pas seulement les quartiers arabes de Jérusalem qui ont été ainsi annexés mais de vastes territoires alentour, ce qui fait qu'aujourd'hui Jérusalem englobe une part importante de la Cisjordanie. La décision de geler partiellement les constructions coloniales en Cisjordanie, à l'exclusion de Jérusalem-Est où 900 logements vont être mis en chantier, est donc un leurre.

La construction de colonies dans les zones de Cisjordanie rebaptisées « Jérusalem » par Israël « ne fera pas que continuer, mais ira en augmentant. Ce ne sera pas mieux mais encore pire », a estimé le conseiller d'un négociateur de l'OLP.

Pour le reste du territoire de la Cisjordanie, la construction d'ores et déjà prévue de 3 000 logements continuera. Pourront être construits aussi des établissements publics, des écoles et des synagogues. Mais à quoi bon construire de tels bâtiments si on n'a pas l'intention d'agréger autour d'eux des habitations, c'est-à-dire en fait de construire des villes ?

Les annonces de Netanyahou sont si peu sérieuses que l'extrême droite avec laquelle il gouverne, si prompte d'habitude à se poser en défenseur des colons, n'a cette fois-ci rien trouvé à redire.

La mascarade de Netanyahou confine à l'escroquerie quand elle se définit comme permettant « de montrer au monde entier cette simple vérité : le gouvernement israélien veut relancer les négociations avec les Palestiniens, il prend les mesures concrètes pour cela et est sérieux dans ses intentions de promouvoir la paix ».

Il n'en a pas fallu plus pour que la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, juge que l'offre allait aider à avancer « vers la résolution du conflit israélo-palestinien » !

« Les hypocrites, comme les abeilles, ont le miel à la bouche et l'aiguillon caché. » Tout ce que souhaitait l'administration américaine, c'est de pouvoir redonner un peu de crédit à l'existence d'un prétendu « processus de paix » dont on a vérifié depuis des années qu'il ne mènera à rien tant que le gouvernement israélien persistera, en fait, à poursuivre l'annexion rampante des Territoires occupés. Et ce n'est pas avec les escroqueries de Netanyahou qu'il y réussira