La pièce de la comédienne algérienne Rayhana, À mon âge, je me cache encore pour fumer, dans laquelle elle dénonce la situation faite aux femmes en Algérie, a remporté lors de ces dernières représentations un succès d'autant plus vif qu'aller l'écouter était une manière de marquer sa solidarité avec son combat.

C'est que le mardi 12 janvier deux hommes l'avaient aspergée d'essence ou de white spirit, avant de lancer sur elle un mégot allumé. L'intention était claire, mais par chance le liquide ne s'est pas enflammé et Rayhana a pu échapper à ses agresseurs. Mais c'était la deuxième agression qu'elle subissait. Quelques jours auparavant, elle avait déjà été interpellée dans la rue et traitée de « putain » et de « mécréante ».

À ce jour, les responsables de ces agressions n'ont pas été identifiés, mais tout porte à croire que celles-ci sont liées à l'engagement de Rayhana dans la défense des droits des femmes, car la pièce qu'elle a écrite met en scène neuf femmes algériennes, d'âge, de condition et d'opinion différents, parlant à coeur ouvert dans l'univers relativement protégé d'un hammam. Elle évoque les diverses formes d'oppression et les difficultés économiques subies par les femmes algériennes à la fin des années de guerre entre le gouvernement et les intégristes.

Rayhana avait choisi de rendre publique l'agression dont elle a été victime, afin de bien montrer à ses agresseurs qu'elle n'avait pas peur d'eux. Elle a affirmé qu'elle assumait ce qu'elle avait écrit et a continué à jouer sa pièce jusqu'au bout. En cette période où des médias se plaisent à montrer quelques femmes consentantes au port de la burqa et justifiant cette prison ambulante imposée par les intégristes, elle donne du courage à toutes celles qui n'acceptent ni cette forme d'oppression, ni aucune autre, et qui se battent aujourd'hui pour se faire respecter. Elle apporte surtout une preuve qu'il y a, dans les pays où l'islam est dominant, des femmes et aussi des hommes qui ne se résignent pas à la situation faite aux femmes.

Valérie FONTAINE

Publié par les éditions Les Cygnes, le texte de cette pièce est disponible par Internet (11 euros, www.lescygnes.fr ).