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- Lutte ouvrière n°2165
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Leur société
Salaires : Augmenter les salaires, c'est urgent !
Les patrons, et les journalistes leur emboîtant le pas, répètent que la crise est finie et que ce serait la reprise. Cela ne les empêche pas de continuer à supprimer des emplois, à licencier et à maintenir le blocage des salaires. Car si c'est la reprise de leurs profits, c'est loin d'être celle de la production.
Toutefois cette propagande mensongère peut avoir pour effet d'encourager un certain nombre de salariés à revendiquer à nouveau des augmentations de salaire. C'est ce que signale en ce début d'année une note de synthèse du ministère du Travail, qui rassemble les informations sur les conflits recueillies dans tout le pays par les inspecteurs du travail.
Cette note recense les conflits, tant contre les suppressions d'emplois et les demandes d'indemnités que sur les réorganisations du travail. Elle constate que « les revendications salariales mobilisent fortement », citant un certain nombre d'exemples : dans les transports urbains de Rennes, dans une clinique en Auvergne, au casino d'Amnéville, chez Total en Aquitaine, ou encore dans les activités portuaires en Guyane.
Que des travailleurs revendiquent des augmentations de salaire, quoi de plus légitime ? Depuis presque trente ans, en fait depuis le blocage des prix et des revenus en juin 1982 par le gouvernement du socialiste Mauroy, les salaires stagnent, quand ils ne diminuent pas franchement. Tout a joué dans ce sens : trucages du calcul de l'inflation, établi sur des produits de référence qui n'ont rien à voir avec les dépenses réelles des classes populaires, poids du chômage, menaces et chantages sur l'emploi. De plus, les trois quarts des accords signés dans le cadre de la loi Aubry sur le passage aux 35 heures en 2000 contenaient une clause de modération salariale.
On aboutit ainsi à cette dérisoire augmentation de 0,5 % du smic au 1er janvier dernier, censée suffire pour toute l'année 2010 !
Au fil des années, les salaires de ceux qui ont gardé le même emploi ont donc perdu de leur pouvoir d'achat. Bien plus encore les salaires de ceux qui ont dû changer d'emploi suite à des suppressions de postes, à des restructurations ou à des délocalisations. Le pourcentage des smicards est de plus en plus fort, au point que dans bien des entreprises, pas toujours petites, en particulier dans le commerce, le smic est le salaire maximum. Quant à la masse salariale globale, que ce soit à l'intérieur d'une même entreprise, d'un groupe, ou à l'échelle du pays tout entier, elle n'a cessé de diminuer du fait du chômage et de l'emploi à temps partiel, qui est du chômage à temps partiel.
Il serait donc grand temps que les salaires soient augmentés, tous les salaires, à commencer par les plus faibles, et on ne peut que se réjouir que des luttes reprennent pour des augmentations de salaire.