23 septembre, Continuer, amplifier, élargir la protestation22/09/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/09/une2199.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

23 septembre, Continuer, amplifier, élargir la protestation

La journée de grèves et de manifestations du 7 septembre a été un succès. Il faut que celle du 23 septembre le soit encore plus. Il faut que ceux qui, la fois précédente, hésitaient encore, tout en regardant avec sympathie ceux qui agissaient, se mettent à leur tour à agir. Il faut que ceux qui, venant des entreprises moyennes et parfois petites, avaient rejoint les manifestations se sentent encouragés par le fait qu'un nombre croissant de travailleurs des grandes entreprises se mobilisent.

La loi sur les retraites est inacceptable. Le fait que l'Assemblée Nationale l'ait votée ne la rend pas meilleure. Mais, même une fois votée, il est possible d'imposer qu'une mauvaise loi soit retirée. Imposer l'obligation légale de travailler deux ans de plus à des millions de travailleurs usés au travail pour la seule et unique raison qu'on ne veut pas faire payer le grand patronat, les grandes entreprises et les riches, est scandaleusement injuste. La seule justice en la matière serait que le patronat qui s'enrichit de l'exploitation des salariés tout au long de leurs années de travail finance intégralement les retraites, avec des pensions qui ne soient pas en recul par rapport aux salaires.

Mais cette justice-là, on ne peut l'attendre de l'État, quel que soit d'ailleurs le gouvernement.

Alors, il faudra au moins imposer que l'on annule toutes les mesures prises en la matière depuis Balladur. Toutes visaient à faire des économies sur le dos des retraités. Il faut imposer l'annulation du recul de l'âge de départ en retraite comme de l'allongement de la durée de cotisation.

Il est à remarquer que le Parti Socialiste, qui affiche son opposition à la réforme Sarkozy, ne s'oppose qu'au recul de l'âge légal de départ en retraite, et pas à l'allongement de la durée de cotisation. Ce qui signifie en clair que ceux des travailleurs qui n'en peuvent plus et voudraient partir en retraite à 60 ans auront droit de le faire mais avec une pension réduite. Ce serait aussi le cas avec la loi Sarkozy pour cette fraction importante des travailleurs âgés qui, n'ayant pas d'emploi, n'auront aucune chance d'en trouver au-delà de 60 ans et se retrouveront avec une pension amputée.

Les pensions de retraite de la grande majorité des salariés sont déjà misérables. Les amputer encore, c'est pousser les retraités toujours plus vers la pauvreté.

Rien que pour empêcher cette agression contre tous les salariés, futurs retraités, il faut amplifier la pression. Il est du devoir des confédérations syndicales de faire en sorte que la mobilisation ne s'arrête pas le 23 septembre et qu'elle puisse continuer et s'amplifier.

Mais ce n'est pas seulement sur la question des retraites que le grand patronat, la bourgeoisie et leur État mènent une guerre ouverte contre le monde du travail. C'est une guerre qui se mène sur une multitude de fronts. Elle est menée directement par les patrons lorsqu'ils licencient pour faire faire plus de travail par moins de salariés sous prétexte de compétitivité, lorsqu'ils augmentent le rythme de travail, lorsqu'ils réduisent les temps de pause, lorsqu'ils amputent de mille manières les salaires, lorsqu'ils remplacent les contrats à durée indéterminée par des contrats précaires. Elle est menée aussi par l'État au service du grand patronat qui fait pression pour que l'argent du budget aille de moins en moins à ce qui est utile à la population laborieuse, aux services publics, à la protection sociale, afin qu'une part toujours plus grande soit consacrée aux banquiers et aux grands patrons.

Cette guerre sociale menée au profit des plus riches a déjà abouti, au fil des ans, à une dégradation considérable des conditions d'existence de l'écrasante majorité des salariés. Elle continuera et s'amplifiera. La grande bourgeoisie, les actionnaires, incapables en cette période de crise d'assurer la croissance de leurs fortunes par le seul développement économique, par l'augmentation de la production et des ventes, le font en prélevant toujours plus sur les salariés, sur les classes populaires. L'envolée des bénéfices des grandes entreprises, la montée des dividendes des actionnaires ont pour contrepartie l'appauvrissement du monde du travail. Et si nous les laissons faire, ils ne s'arrêteront pas.

Alors, il faudra qu'une réaction massive du monde du travail les arrête. Plus tôt ce sera, plus on épargnera de souffrances aux classes laborieuses.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 20 septembre

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