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Dans le monde
Martinique : Un gros Béké sera-t-il égratigné par la justice ?
Alain Huygues-Despointes a comparu les 20 et 21 septembre derniers devant le tribunal correctionnel de Fort-de-France pour « incitation à la haine raciale et apologie de crime contre l'humanité », suite aux propos tenus dans un documentaire diffusé le 30 janvier 2009 sur Canal + et intitulé « Les derniers maîtres de la Martinique ».
Dans ce documentaire, ce capitaliste béké, propriétaire de nombreuses entreprises en Martinique, Guadeloupe et Guyane (Danone, Coca-Cola, la société nouvelle des yaourts Littée « SNYL »), se montrait fier de son identité de Béké, en déclarant qu'il voulait « préserver sa race » et il poursuivait « quand je vois des familles métissées avec des Blancs et des Noirs, les enfants naissent de couleurs différentes, il n'y a pas d'harmonie. Les historiens ne parlent que des aspects négatifs de l'esclavage et c'est regrettable ».
Ces propos ont révolté plus d'une personne, aussi bien aux Antilles qu'en France. Le 10 février 2009, le procureur du tribunal de grande instance de Fort-de-France a donc porté plainte contre Despointes. Puis, plusieurs associations antiracistes se sont constituées parties civiles comme la Ligue des droits de l'homme, SOS racisme, la LICRA.
C'est ainsi que ce patron a comparu les 20 et 21 septembre derniers au tribunal correctionnel de Fort-de-France, le procureur requérant une peine de 12 mois de prison avec sursis pour Alain Huygues-Despointes et l'obligation de construire un mémorial pour les victimes de l'esclavage.
Le jugement sera rendu le 15 novembre prochain.
Mais quelle mouche a donc piqué ce Blanc créole pour avoir tenu de tels propos ? S'est-il fait « piéger » par un journaliste comme il l'a prétendu et comme l'ont dit d'autres Békés ?
La période de l'esclavage, où les colons traitaient les travailleurs noirs comme leur propriété, n'est pas si loin de nous pour que les Békés d'aujourd'hui aient conservé les préjugés de leurs ancêtres vis-à-vis des Nègres. Notamment en ce qui concerne les mélanges de « races », le métissage.
D'ailleurs, quand on interroge des gens dans la population pauvre, des ouvriers agricoles, sur le comportement des patrons békés, ils ne croient pas du tout que le journaliste ait piégé Huygues-Despointes et certains disent en créole des propos que l'on peut traduire par : « Les Békés vivent entre eux, la plupart d'entre eux ne veulent pas que leurs enfants épousent des Nègres. Ces gens-là ne nous aiment pas. Ou uniquement pour gagner de l'argent sur nos têtes ».
Ainsi, les ouvriers agricoles de la banane sont les mieux placés pour parler de ces exploiteurs, car ils se trouvent tous les jours confrontés à eux. Ils les connaissent parfaitement, ils savent le mépris et même la hargne dont certains font preuve vis-à-vis d'eux. Et dans de nombreux autres secteurs d'activité, (car lesdits « Békés » contrôlent une très grande part de l'économie martiniquaise), les travailleurs n'ont nullement été surpris par les propos de H-Despointes.
Son arrogance lui a peut-être été transmise par les gènes, mais plus sûrement encore par son appartenance à la classe des capitalistes qui possèdent les plus grandes et les meilleures terres et qui contrôlent tout l'import-export de l'île.