La Société Générale gagne sur tous les tableaux13/10/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/10/une-2202.gif.445x577_q85_box-0%2C9%2C172%2C231_crop_detail.png

Dans les entreprises

La Société Générale gagne sur tous les tableaux

Après avoir gagné à plate couture le procès l'opposant à Jérôme Kerviel, son ancien trader accusé d'être entièrement responsable de 4,9 milliards d'euros de pertes en 2008 dans ses opérations boursières, la Société Générale se permet de jouer les grands seigneurs. Elle a déclaré le lendemain qu'il n'était pas question d'aller réclamer à « un homme seul » les 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts auxquels il a été condamné, indépendamment des années de prison qu'il devra effectuer.

À l'évidence, exiger de son ancien employé l'équivalent de 177 000 années de son salaire est de toute façon irréaliste, même si celui-ci a pendant quelques années vécu confortablement grâce aux primes encaissées.

Au demeurant, la prise de position de la banque démontre tout sauf de la générosité. On s'en doutait, mais la presse est venue rappeler opportunément que le « trou » creusé par les opérations attribuées à Jérôme Kerviel a déjà été partiellement comblé par une déduction d'impôts découlant de ces mêmes pertes. Selon Le Monde.fr du 12 octobre, il s'agirait de la mise en oeuvre du « carry back », un dispositif fiscal « utilisé par la Société Générale pour atténuer ses pertes [et qui] lui a permis de récupérer auprès de l'État une créance d'impôt de 1,147 milliard d'euros ». Le quotidien affirme que « cette somme a été intégralement versée à la banque au deuxième semestre 2009 ».

Ainsi la Société Générale a déjà été remboursée d'un peu moins d'un quart de la somme perdue, et ce... avec l'argent public, puisqu'il s'agit d'un manque à gagner sur la recette fiscale. Il n'est pas exclu d'ailleurs que, pour bénéficier de cette « créance d'impôt » - comme le jargon fiscal qualifie ce genre de cadeau -, la banque ait à prouver qu'elle n'est pour rien dans les pertes, qui seraient le résultat exclusif de la faute d'un salarié -ce que la condamnation de Jérôme Kerviel viendrait fort à propos attester.

L'épisode a de quoi donner des idées aux travailleurs qui perdraient prochainement leur emploi et pourraient donc, en bonne logique, exiger du fisc que, pour ce manque à gagner, il leur soit remboursé une bonne partie de leurs impôts des trois dernières années...

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