Les lycéens dans le mouvement13/10/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/10/une-2202.gif.445x577_q85_box-0%2C9%2C172%2C231_crop_detail.png

Les manifestations du 12 octobre

Les lycéens dans le mouvement

Que les jeunes, surtout des lycéens, fassent grève et manifestent aux côtés des salariés contre la réforme des retraites ne semble pas plaire au gouvernement. Ainsi, Woerth et Fillon ont déclaré « totalement irresponsables » ceux qui appellent à leur mobilisation et les « poussent dans la rue ». Le souvenir du CPE où, en 2006, le gouvernement Villepin avait été obligé de reculer devant la mobilisation de la jeunesse, n'est pas si lointain !

Et il se trouve bien entendu des journalistes assez complaisants envers le pouvoir, et méprisants envers les jeunes, pour reprendre l'idée qu'ils ne seraient pas concernés par ce mouvement et que, s'ils bougent, c'est uniquement parce qu'ils sont manipulés, et ce d'autant plus facilement qu'à 14 ou 15 ans, on est « immature » et prêt à sauter sur n'importe quel prétexte pour sécher des cours.

Les jeunes ne seraient pas concernés par ce mouvement ? Mais si, et à plus d'un titre. D'abord, ils regardent autour d'eux et connaissent la difficulté qu'ont leurs frères, soeurs ou camarades un peu plus âgés à trouver du travail. Ils savent aussi compter : quand il faut attendre 25 ou 26 ans pour décrocher un emploi un peu stable, pour les plus chanceux, ou quand on passe sa vie entre périodes de chômage et CDD, jusqu'à quel âge faudra-t-il travailler pour espérer avoir toutes ses annuités ? Les jeunes sont bien conscients qu'arrivés à l'âge de la retraite, la majorité d'entre eux n'auront pas de quoi vivre et cela les inquiète à juste titre.

Mais surtout, les enfants de travailleurs entendent leurs parents discuter entre eux, ils voient aussi combien ceux-ci sont fatigués, usés par le travail avant même d'être vieux. Il n'y a pas besoin d'être « manipulé » pour se sentir solidaires d'eux, de leur désir de pouvoir partir en retraite suffisamment tôt pour profiter un peu de leur temps libre. C'est donc tout naturellement que les jeunes se placent aux côtés de leurs parents et cherchent à apporter leur soutien en manifestant eux aussi.

Les jeunes ne sont ni manipulés, ni immatures. Ils voient au contraire la façon dont fonctionne cette société qui écrase les travailleurs et n'offre aucun avenir à sa jeunesse, et il est naturel qu'ils se sentent solidaires de ceux qui refusent l'aggravation de leurs conditions d'existence. Il n'est pas nécessaire d'avoir 18 ans révolus pour vouloir une société plus égalitaire et plus humaine et se ranger, consciemment, dans le camp de ceux qui résistent à l'exploitation.

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