Retraite des femmes : Les mensonges de Woerth13/10/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/10/une-2202.gif.445x577_q85_box-0%2C9%2C172%2C231_crop_detail.png

Leur société

Retraite des femmes : Les mensonges de Woerth

Éric Woerth, le ministre du Travail, a ajouté à sa loi sur les retraites un amendement accordant aux parents nés entre 1951 et 1955 une retraite sans décote à 65 ans au lieu de 67, à condition qu'ils aient trois enfants et qu'ils se soient arrêtés de travailler pour les élever. Cela concernerait environ 130 000 mères, puisque ce sont elles qui la plupart du temps interrompent leur travail.

Cette mesure qui se veut « sociale » est non seulement ridicule par le nombre de personnes concernées, mais elle n'atténue en rien l'inégalité flagrante qui pèse sur les femmes.

Actuellement, la pension moyenne des femmes ne représente que 62 % de celle des hommes, alors que leur salaire moyen représente 80 % du salaire masculin. Quatre femmes sur dix perçoivent moins de 600 euros par mois, contre un homme sur dix.

L'argument de Woerth c'est que, avec le développement de l'emploi féminin, les femmes valideront autant de trimestres que les hommes et qu'ils finiront par être à égalité... on pourrait ajouter : vers le bas. Mais même cette affirmation est fausse. D'après les projections de l'Insee, les pensions des femmes des générations 1965-1974 seraient encore inférieures de 32 % à celles des hommes et, à l'horizon 2040, elles le seraient encore d'un quart pour les femmes âgées de 65 à 69 ans.

En réalité, comme le rappelle un rapport du Conseil économique et social de 2008, la hausse de l'emploi des femmes entre 1983 et 2002 est due à l'explosion du temps partiel, encouragé par les mesures d'aide aux employeurs : sur les cinq millions de salariés à temps partiel, 82 % sont des femmes. Et les emplois qu'elles ont trouvés dans les services, le commerce ou l'aide à la personne sont parmi les plus mal payés. Dans le public, la durée d'assurance pour la retraite n'est validée qu'au prorata du temps travaillé et, dans le privé, si le travail est trop partiel et trop faiblement rémunéré, il ne permet pas de valider une année complète. C'est la double peine : une durée d'assurance insuffisante et des salaires trop bas, qui obligent les femmes à travailler plus longtemps que les hommes, jusqu'à 65 ans dès aujourd'hui.

Même si hommes et femmes des générations plus jeunes connaissent le chômage et le travail précaire, les femmes cumulent faibles qualifications, sous-emploi (11 % de taux de chômage contre 9 %), travail précaire et interruption pour élever les enfants ou souvent s'occuper des parents âgés ou malades. C'est sur elles que reposent les charges familiales, des charges souvent écrasantes quand elles se retrouvent seules pour les assumer et qu'elles sont obligées d'accepter n'importe quel emploi pour éviter de tomber dans la misère.

La loi Woerth est une machine de guerre contre l'ensemble des travailleurs, mais c'est une infamie pour les travailleuses. Et le discours dont il enrobe sa mesurette prétendument sociale témoigne du mépris propre aux privilégiés qu'il défend, et qu'il est urgent de faire payer.

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