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Dans les entreprises
SNCF : Les cheminots ont répondu présent
À la SNCF, la journée du 12 octobre a montré un approfondissement du mouvement par la participation à la fois à la grève, aux assemblées générales et aux manifestations. Selon la CGT, le taux de grévistes était de 53,7 % tous collèges confondus contre 48,8% le 23 septembre. Dans bon nombre de gares, d'ateliers, de dépôts, la grève était largement majoritaire à l'exécution et beaucoup de cheminots ont voté la reconduction jusqu'aux assemblées du lendemain.
Contrairement à ce que disent le gouvernement et ses sbires, les cheminots sont, au même titre que l'ensemble des salariés, menacés dans leurs retraites futures par cette nouvelle réforme. Mais l'autre facteur expliquant la réussite de cette journée a été l'attitude des organisations syndicales, en particulier de la plus influente, la CGT, dont la direction préconisait de faire du 12 octobre une journée « d'une ampleur sans précédent par le niveau des grèves et des manifestations unitaires ». Elle appelait à « généraliser la tenue d'assemblées générales, de consultation sur les lieux de travail pour définir ensemble (...) les modalités de la reconduction de l'action après le 12 octobre ».
Une semaine auparavant, des préavis de grève reconductible par périodes de 24 heures à partir du 12 octobre avaient été déposés par les fédérations CGT, UNSA, SUD-Rail, CFDT. Bon nombre de militants syndicaux et de cheminots le voulaient, ayant vécu, souvent à leurs corps défendant, la funeste tactique des journées d'action de 2008 et 2009, journées qui, bien que convenablement suivies, avaient été tellement espacées dans le temps qu'elles avaient perdu tout sens. L'appel à reconduire la grève dès le 12 octobre a donc été ressenti comme un feu vert donné aux plus combatifs, qui dans bien des secteurs ont multiplié les tournées, les distributions de tracts et les prises de paroles pour faire du 12 un succès et le début d'un mouvement plus large.
Bien sûr, si le souvenir du succès de 1995 reste vivant dans les mémoires, l'insuccès des mouvements de 2003 et 2007 continue de marquer les esprits, d'autant qu'à ces deux occasions, ce n'était pas la détermination des cheminots qui avait manqué mais bien celle des directions syndicales qui avaient lâché un mouvement encore prometteur.
Aujourd'hui ces mêmes directions veulent montrer leur capacité de réaction et de mobilisation face à un gouvernement qui, comme en 1995 d'ailleurs, a choisi de « passer en force », en les tenant à l'écart de toute négociation et en refusant de les laisser se prévaloir de toute concession.
L'actuelle combativité syndicale a donc des raisons qui lui sont propres, mais elle coïncide avec la nécessité pour les travailleurs de se défendre collectivements dans une période où la bourgeoisie et son gouvernement remettent en question les maigres filets de sécurité qui protègent encore les travailleurs. Les grèves engagées peuvent-elles modifier le rapport des forces ? En tout cas elles ont déjà changé le climat social et redonné espoir à beaucoup.