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Leur société
Les travailleurs ne doivent rien à cette démocratie-là
Depuis des semaines, et encore à l'occasion du vote du projet de loi gouvernemental sur les retraites du 22 octobre au Sénat, ministres, responsables politiques et journalistes ont tenu à faire des déclarations solennelles sur le respect que chacun devrait avoir envers « notre système démocratique ».
« Il faut respecter » le vote final des assemblées parlementaires « élues par le peuple ». Manifester serait un droit, peut-être, mais après le vote chacun devrait se soumettre, sous peine d'attenter à la démocratie.
Mais qu'est-ce que cette démocratie, où une poignée de notables auraient le droit d'imposer leurs vues à soixante millions de personnes ?
La majorité de la population, plus des deux tiers, c'est-à-dire l'immense majorité des travailleurs, est opposée à cette loi, et il faudrait que tout le monde se soumette aux votes de quelques centaines de notables, députés, sénateurs et bien sûr président de la République ?
Sarkozy déclarait d'ailleurs en 2008 : « Revenir sur la retraite à 60 ans ? Je dis que je ne le ferai pas, je n'ai pas de mandat pour cela. » Il faut croire que ce mandat qui ne lui a pas été « donné par le suffrage universel », il l'a trouvé tout d'un coup dans la besace des hommes du patronat. Trahir les électeurs populaires est d'ailleurs le propre des assemblées représentatives dans le système « démocratique ». Il s'agit en réalité d'une mascarade à laquelle se prêtent les élus, de droite comme de gauche. En matière de trahison du mandat « donné par le peuple », les dirigeants du PS et de la gauche gouvernementale peuvent parler en orfèvres.
La bourgeoisie sait très bien ce qu'il en est de la validité de cette démocratie-là. D'ailleurs, quand il s'agit de faire prospérer sa fortune, elle ne s'en remet pas à un suffrage sans contrôle. Chez les possédants, les actionnaires les plus riches ont un droit de regard et de décision permanent sur ceux à qui ils délèguent leurs affaires. Les conseils d'administration peuvent à tout moment, sans préavis et sans justification, révoquer ceux à qui ils délèguent une partie de leurs pouvoirs. Même un président-directeur général reste un exécutant sous contrôle.
Alors, les millions de travailleurs qui font grève et manifestent contre la réforme des retraites sont infiniment plus représentatifs de la « volonté du peuple » que tous ces prétendus représentants.