C'est normalement le 9 novembre que l'ancien journaliste et militant noir américain Mumia Abu-Jamal sera fixé sur son sort. À cette date en effet se tiendra l'audience de la Cour d'appel fédérale de Philadelphie qui doit fixer une sentence définitive pour ce détenu qui croupit depuis 29 ans en prison pour un crime qu'il n'a pas commis. La Cour devra choisir entre deux sentences seulement : la peine de mort ou la prison à perpétuité.

Cette audience a lieu sur l'injonction de la Cour suprême des États-Unis qui, pour sa part, souhaiterait que la sentence initiale, la peine de mort, soit exécutée.

Accusé, sans preuves, d'avoir abattu un policier en décembre 1981, Mumia avait été condamné à mort en juillet 1982. En 2005, la Cour fédérale avait suspendu la sentence, mais début 2010 la Cour suprême est revenue à la charge.

Dans l'intervalle, les avocats de Mumia avaient tenté à plusieurs reprises de faire rejuger le procès, alors que de nouvelles preuves et même des aveux allaient dans le sens de son innocence. Mais la justice américaine a récusé toutes les demandes de révision.

À ceux qui s'interrogent sur cette intransigeance de l'État américain, il suffit de rappeler qu'à 15 ans Mumia militait dans les rangs du Parti des Panthères noires, à qui l'État américain livra un combat à mort, abattant ses dirigeants ou faisant comparaître l'un d'entre eux bâillonné devant un tribunal, pour qu'il ne puisse s'y exprimer. Une leçon de démocratie, sans doute...

L'intransigeance de l'État américain est renforcée par la volonté de satisfaire un syndicat policier, l'Ordre fraternel de la police, qui défend ses membres, aussi corrompus soient-ils, et exige l'application de la peine de mort. Ce châtiment sévit dans de nombreux États américains et, les enquêtes policières étant souvent bâclées, voire trafiquées, il a envoyé plus d'un innocent à la mort.

C'est ce qui menace une fois de plus Mumia Abu-Jamal. Et une fois de plus, il faut dénoncer ce scandale judiciaire. En France, le Collectif pour la défense de Mumia Abu-Jamal, qui regroupe une centaine d'organisations politiques, syndicales et associations antiracistes, dont Lutte Ouvrière, appelle, le 9 novembre, à tenir des rassemblements de protestation devant les représentations consulaires des États-Unis à Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux, Nice, Rennes, Strasbourg et Toulouse.

Lutte Ouvrière appelle ses amis et sympathisants à y participer.