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- Lutte ouvrière n°2210
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Leur société
Comptes de Noël : Fin de l'affaire Bettencourt, Début de l'affaire Woerth ?
« Madame Liliane Bettencourt et sa fille Françoise Bettencourt-Meyers (...) se sont rapprochées pour mettre un terme aux conflits qui ont perturbé leur vie familiale, ainsi qu'aux procédures engagées. Elles ont décidé de se tourner vers l'avenir », expliquent les deux héritières du groupe L'Oréal. Dans ce communiqué de presse distribué aux journaux et porté à la connaissance des salariés de la multinationale, ceux-ci sont invités à partager la joie retrouvée des deux héritières et à assister impassibles à la valse des milliards produits par leur travail.
Dans le même texte, Liliane Bettencourt précise que « la décision (...) correspond à mon souhait de voir la famille réunie (...) Pour notre bien commun, et pour L'Oréal qui fait tant partie de ma vie ». Et sa fille ajoute : « Cette entente nous fait enfin retrouver l'harmonie familiale, partagée tout autant par mon mari et nos enfants que par ma mère. » Elle aussi, bien sûr, y aspire « pour toute l'entreprise L'Oréal qui poursuit sa merveilleuse épopée ». Et cela d'autant mieux que le conseiller financier Patrice de Maistre doit céder sa place à son époux, Jean-Pierre Meyers qui devient directeur général de Téthys, la holding familiale détentrice de 31 % du capital de L'Oréal, une astuce fiscale qui permet à Liliane de ne pas payer l'impôt sur la fortune au titre de l'« outil de travail ».
L'avenir de L'Oréal justifierait donc cette réconciliation tardive, qui écarte également de l'entourage familial le photographe François-Marie Banier qui pourra conserver le milliard qu'il a réussi à détourner. Mais il n'est pas mauvais non plus, au moment où Sarkozy se prépare à être à nouveau le candidat de la droite à la présidentielle, que soit mis un terme à un feuilleton qui avait non seulement souligné l'ampleur des inégalités sociales dans ce pays mais aussi les connivences et la dépendance des gouvernants vis-à-vis du monde des possédants.
Si tout semble rentrer dans l'ordre chez les Bettencourt, tout n'est pas terminé pour Patrice de Maistre qui reste soupçonné de fraude fiscale et surtout pour Éric Woerth, poursuivi pour trafic d'influence et prise illégale d'intérêts présumés, qui devra aussi s'expliquer sur des soupçons de financement illégal de partis politiques et, peut-être, se voir demander des comptes sur les conditions de vente avantageuses faites par l'État de terrains de l'hippodrome de Compiègne.
Bref, tous les ingrédients semblent réunis pour que l'affaire Bettencourt se réduise tout au plus à une affaire Woerth, ce dont l'ex-ministre a déjà commencé à faire les frais. Mais c'est aussi à cela que sert un ministre, en valet dévoué préposé aux affaires des possédants.