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Leur société
À ceux qui profitent de la spéculation de payer
En dépit d'une légère baisse du prix du baril de pétrole, passé de près de 120 dollars le 24 février à environ 115 dollars le 7 mars, les prix de l'essence à la pompe, eux, n'ont pas cessé d'augmenter. Avec des prix moyens de 1,50 euros pour le sans-plomb 95, et de 1,54 euros pour le sans-plomb 98, ils ont même battu leurs records, atteints en juin 2008, au plus fort de la précédente vague spéculative. Et ce n'est sans doute pas fini.
Avec la vague de révolte des populations arabes, et surtout le fait qu'elle a atteint - et surtout pourrait atteindre - des pays producteurs d'or noir, le marché du pétrole est redevenu l'une des principales cibles du moment pour les spéculateurs. Selon le journal Les Échos, « au cours de la semaine qui s'est terminée le 1er mars, les spéculateurs, dont le rôle était très actif depuis quinze jours, avaient augmenté leurs positions acheteuses de 30 %, à un niveau record de 286 600 contrats ». Ce qu'ils achètent, ce n'est pas du pétrole, mais des promesses d'achat au cours du jour, en pariant sur la poursuite de la hausse et, du même coup, en contribuant à la créer. Et ce sont les consommateurs qui paient, et qui paieront.
Interrogé sur ce que le gouvernement comptait faire pour atténuer l'impact de la hausse des carburants, le Premier ministre François Fillon a répondu que la situation des finances publiques ne permettait pas de nouvelles dépenses, qu'il existait « déjà des mesures sociales d'aide aux plus vulnérables », mais qu'il avait demandé à la ministre de l'Économie, Christine Lagarde, de « mobiliser ses services » pour vérifier qu'il n'y a pas d'abus sur les prix à la pompe. C'est faire preuve d'une belle hypocrisie.
Car de l'abus, il y en a, et ceux qui abusent en profitant de la situation ne sont pas difficiles à trouver : cela va des fonds spéculatifs qui, d'après le journal Le Monde, sont de plus en plus riches et ont « renoué avec les profits spectaculaires », aux compagnies pétrolières, comme Total qui a annoncé plus de dix milliards de profits en 2010 (dont 5 milliards versés en dividendes), en commençant d'ailleurs par l'État lui-même. Via les taxes prélevées sur l'essence, il profite lui aussi de la flambée spéculative sur le pétrole et institue, de fait, un impôt sur la spéculation payé, non par les spéculateurs, mais par leurs victimes. Si ça, ce n'est pas un abus !