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Dans les entreprises
Air France : Après les élections de délégués
Le 4 mars ont eu lieu les élections de délégués du personnel et au Comité d'entreprise à Air France. Cela concernait 56 000 salariés, répartis sur de nombreux sites et exerçant des métiers variés, avec parfois des collèges électoraux distincts : personnel navigant commercial (hôtesses et stewards) ou technique (pilotes), personnel au sol « industriel » (ouvriers, techniciens de la DGI) ou commercial (employé notamment dans les aérogares), ouvriers et bagagistes d'escale, techniciens de piste, etc.
Tous secteurs et métiers confondus, une même grande tendance se dégage pour les deux scrutins. Il s'agit d'un recul de la CGT (- 3,5 %), bien qu'elle reste le premier syndicat de l'entreprise avec 18 % des voix, et d'une progression de l'UNSA, qui passe de 8,4 % en 2007 à 15,2 %, il est vrai après avoir absorbé entre-temps le syndicat corporatiste des mécanos-avion, SNMSAC. FO et la CGC, elles aussi alliées à des syndicats corporatistes, obtiennent entre 15,5 et 16,5 %. Tandis que la CFDT recule de 6,5 %, Sud Aérien progresse de 3 % à l'échelle de toute la compagnie, atteignant 8,5 %.
C'est dans le secteur des 9 200 ouvriers et des techniciens de la DGI qu'il y a eu le plus de changement. L'UNSA y prend la première place (avec plus de 25 % des suffrages), suivi de Sud (20 %), tandis que la CGT régresse du premier au troisième rang.
La forte progression de Sud parmi le personnel de la DGI doit beaucoup à la situation particulière (voir article ci-contre) d'Orly, où la direction de la CGT avait voulu museler des délégués CGT appréciés de leurs camarades de travail. C'est la présence de ces militants sur des listes avec Sud Aérien qui a fait décoller les scores de ce syndicat. Même chose au Bourget (700 travailleurs) où la direction de la CGT avait dissous une autre section locale, trop combative à son goût.
Dans certains secteurs ouvriers, tel celui qui englobe entre autres les bagagistes de Roissy 2, la CGT progresse de 1 200 à 1 800 suffrages. Mais c'est une exception. Ailleurs, comme parmi les 4 500 travailleurs de la Maintenance à Roissy (DGI), des responsables de la CGT, qui là aussi a reculé en voix et en sièges, ont reconnu qu'ils payaient le fait de ne plus assurer de réelle présence militante de leurs délégués parmi les travailleurs d'atelier.
Une semaine après ce scrutin, la direction de la CGT a publié un tract sur la DGI qui « prend acte du vote des salariés » et dit que « notre organisation porte une responsabilité évidente (dans) ce revers électoral ». Mais elle ne remet pas en cause sa politique de collaboration avec le patron, que réprouvent les travailleurs les plus combatifs et les plus conscients, mais qui ne lui gagne pas pour autant l'oreille des salariés peu conscients et démoralisés. Tant qu'à faire, ces derniers préfèrent encore voter pour l'UNSA et pour les syndicats corporatistes. La progression de ces derniers chez Air France n'en souligne que plus la nécessité qu'existent des organisations et des militants qui défendent à nouveau parmi les travailleurs les idées de lutte de classe.