Les gesticulations sécuritaires de Sarkozy : Le « tout répressif » perd quelques plumes16/03/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/03/une-2224.gif.445x577_q85_box-0%2C9%2C172%2C231_crop_detail.png

Leur société

Les gesticulations sécuritaires de Sarkozy : Le « tout répressif » perd quelques plumes

Au beau milieu de l'été dernier Sarkozy avait décidé, pour partir à la reconquête de l'électorat de droite, de flatter ses préjugés. Ainsi, dans son discours prononcé à Grenoble le 30 juillet 2010, il avait assimilé une fois de plus délinquance et immigration, désigné les Roms à la vindicte populaire et proclamé qu'il allait donner des moyens supplémentaires à la répression.

Il s'en suivit une série de destructions de camps de Roms et d'expulsions de familles entières, quelques rodomontades policières et un ensemble de propositions répressives à voter au Parlement, le onzième depuis 2002. Ce qui fut fait par les élus de droite. Pourtant un doute commence à effleurer certains d'entre eux : ils votent et revotent des lois de plus en plus répressives qui n'ont aucun effet sur la délinquance et, bien plus grave pour eux, leur électorat n'est toujours pas satisfait. Comme les élections approchent à grands pas, certains commencent donc à se démarquer.

Ce furent d'abord les « centristes de la majorité », une dénomination vague pour qui n'en est pas, mais précise pour Borloo et ceux qui veulent faire carrière dans son sillage. Ces bons apôtres ont remarqué au bout de six mois que la proposition de déchoir de leur nationalité les naturalisés français depuis moins de dix ans qui auraient assassiné un policier était à la fois ridicule et ignoble. Ridicule, car elle ne dissuadera aucun assassin en puissance ; ignoble, car elle ne sert qu'à désigner, encore et toujours, « l'étranger délinquant », de plus, en l'espèce, dans des affaires de meurtres. Le gouvernement, ne voulant pas donner de prétexte à une dissension dans les rangs de sa majorité, a finalement abandonné cette partie du texte de loi. Après tout, l'essentiel est d'avoir pu faire des discours pendant six mois autour de cette ineptie !

Le Conseil constitutionnel quant à lui a censuré le 10 mars treize dispositions, sur les 142 votées par le Parlement sous le nom de Loppsi II (loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure). Ainsi la police ne pourra plus - du moins en invoquant la loi - expulser les familles et détruire les baraques des campements de Roms ou autres, sur simple décision préfectorale. Si les autorités pourront bien décréter le couvre-feu pour les mineurs de moins de treize ans, les parents desdits mineurs qui ne le respecteraient pas ne seront pas inculpés. Il n'y aura pas de peine « plancher » pour les mineurs ni de comparution immédiate pour eux, sans qu'un juge des enfants soit informé. Il n'y aura pas de salle d'audience installée dans les centres de rétention pour étrangers, et ces derniers devront donc être déférés aux tribunaux publics. À moins que le gouvernement ne trouve pas le moyen de remettre en place ces dispositions.

Mais, même ainsi censurée, la loi Loppsi II est une étape supplémentaire vers le « tout répressif » et, surtout, elle reste une mise en scène pour désigner les étrangers et les pauvres comme coupables des maux qui accablent la société. Car, au-delà de leurs affrontements à fleurets mouchetés, les différentes chapelles de la droite, et quelques-unes de la gauche gouvernementale, proposent toutes ce même plat à leurs électeurs. Seule la cuisson varie, allant du bleu à la Hortefeux, au digérable façon Borloo, en passant par le bien saignant de Sarkozy. Mais c'est toujours le même plat avarié.

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