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Prix des carburants : Lagarde prend les automobilistes pour des imbéciles
Alors que les prix des carburants continuent à battre des records, dépassant même les sommets atteints en 2008, le Premier ministre François Fillon et la ministre de l'Économie Christine Lagarde ont exclu une diminution des taxes. La TVA et la taxe sur les produits pétroliers représentent pourtant entre 50 et 60 % du prix des carburants. Le gouvernement ne veut rien lâcher de ce pactole, qui lui rapporte autour de 35 milliards par an.
Pour essayer de se justifier, Lagarde a expliqué que l'État avait eu recours dans le passé à une baisse temporaire de la TVA, baisse qui avait produit peu d'effet pour les consommateurs mais avait coûté cher aux caisses publiques. Une façon de dire que cette baisse avait d'abord bénéficié aux compagnies et aux distributeurs.
Mais le comble a été atteint quand Lagarde est venue expliquer devant les caméras qu'elle allait mobiliser les services de la Répression des fraudes pour contrôler qu'il n'y ait pas d'abus dans la répercussion de l'envolée des cours du pétrole sur les prix à la pompe. Comme si le problème venait d'abord des pompistes ! Elle a même eu le culot d'ajouter que les automobilistes devaient pratiquer « l'éco-conduite », en levant le pied et en recherchant les stations les moins chères.
Cette façon de présenter les choses permet aux membres du gouvernement de rester silencieux sur la responsabilité des spéculateurs et des compagnies pétrolières. Avec la complicité de prétendus experts, ils répètent que la flambée des prix du carburant est inéluctable, car liée à celle des cours mondiaux du pétrole, et que ces derniers résultent de la situation dans les pays arabes. Mais la tendance à l'augmentation des prix du pétrole, et des prix à la pompe, remonte au deuxième semestre 2009, donc bien avant les premières manifestations en Tunisie. Quant à la dernière hausse des tarifs, elle a été presque immédiate, alors que le pétrole acheté aujourd'hui n'arrivera que dans plusieurs semaines à la pompe. Total et les trusts pétroliers se moquent d'autant plus des consommateurs qu'ils disposent de stocks importants et bénéficient de contrats à long terme avec les pays producteurs, garantissant leurs approvisionnements à un prix fixé six mois ou un an à l'avance. Malgré cela, ils répercutent immédiatement sur les prix à la pompe l'augmentation des cours du brut.
Les compagnies pétrolières participent pleinement à cette spéculation. Un phénomène dont l'OPEP souligne dans son dernier rapport mensuel le rôle dans l'actuelle flambée des cours. Ainsi, début mars, les achats à la hausse ont concerné 311 632 contrats, un chiffre en augmentation de 68 % par rapport à la mi-février !
Le pétrole, comme toutes les matières premières, est effectivement dans la ligne de mire des spéculateurs. Mais c'est les consommateurs, comme les travailleurs qui n'ont d'autre choix que de prendre leur véhicule pour aller travailler, à qui on demande de payer la facture.