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Leur société
Vers une politique de quotas raciaux dans le foot ? Carton rouge pour les dirigeants
Le site Médiapart a rapporté un débat que des dirigeants du football national tenaient à garder secret. Ces messieurs se sont demandé comment réduire le nombre de jeunes « blacks » dans les centres de formation et, partant, dans l'élite du foot, puis au sein de l'équipe de France.
Les dirigeants en question ont commencé par nier, puis ont tenté de se justifier en disant qu'ils parlaient en fait de caractéristiques morphologiques, et pas de critères raciaux. Ces gens-là parlent en effet des joueurs un peu comme les éleveurs de chevaux de course parlent de leurs champions. Ils les achètent jeunes, les entraînent, les soignent en leur donnant la meilleure avoine et les meilleurs médecins, vivent de leur sueur et, finalement, assurent à une petite minorité une retraite dorée. Dans un cas comme dans l'autre, les gagnants sont les propriétaires des écuries et des clubs, ainsi que les télévisions et les sociétés de publicité. Il n'est pas étonnant que des gens qui regardent les choses avec des yeux de maquignon soient atteints de tous les préjugés.
Mais les footballeurs ne sont pas des chevaux. Il ne suffit pas qu'ils gagnent, il faut aussi qu'ils plaisent. Et les dirigeants du foot, comme à Rome dans l'Antiquité les propriétaires des gladiateurs, se demandent comment plaire. Et donc lequel choisir, grand Noir puissant ou petit Blanc malin ?
En 1998, lorsque l'équipe de France avait remporté la Coupe du monde, la presse et les hommes politiques avaient exalté la « France Black, Blanc, Beur », ce football qui unissait malgré les différences, etc.
À l'époque, Le Pen avait dit qu'il ne se sentait pas représenté par cette équipe, en particulier parce que certains joueurs ne chantaient pas La Marseillaise à l'ouverture de la cérémonie. Quelque temps après, feu Georges Frêche, alors notable du PS, avait été encore plus cru. Pour lui, « il y avait trop de Blacks en équipe de France ». Et ces propos faisaient écho à certaines attitudes qu'on trouvait et qu'on trouve encore dans une partie du public présent dans les stades, en Italie, en Espagne, en France et ailleurs.
Aujourd'hui, le courant qui souligne les « différences » est de plus en plus fort. Le nationalisme sous toutes ses formes, le rejet des immigrés, la référence aux « racines nationales » sont de plus en plus dans l'air du temps. La police pratique officiellement la chasse au faciès, les étrangers pauvres sont montrés du doigt. Cela vient des plus hauts sommets de l'État, ruisselle dans toute la presse et finit par stagner en flaques malodorantes. Y compris dans les bureaux de la Fédération française de football, qui invente ainsi sa propre version du protectionnisme.