Le groupe MAF Roda (900 salariés) est spécialisé dans la conception d'équipements de travail pour stations fruitières, dont il est le leader mondial. Son usine de production de Montauban compte 100 ouvriers, dont près de 60 % sont en grève depuis le mardi 3 mai.

La colère des travailleurs a explosé à propos des salaires et des conditions de travail. La grève a démarré à l'appel de la CGT pour obtenir une augmentation de 50 centimes d'euros de l'heure ainsi que l'arrêt des pressions morales que les travailleurs subissent.

Malgré les provocations et mensonges déversés par la direction, le moral des travailleurs est resté intact, ils se retrouvent devant l'usine à défier leur patron qui, flanqué des cinq rejetons, ne cesse de les traiter avec mépris. Dans un communiqué, la direction explique que les grévistes et la CGT veulent la fermeture de l'entreprise, qu'elle est responsable de la fermeture de l'entreprise Capelle et des licenciements de Bouyer (deux entreprises situées sur Montauban). Le patron, dans ce même communiqué, fait un tour de prestidigitation et écrit que les ouvriers ont obtenu une augmentation de revenu de... 14 % en un an !

Dépité de ne pouvoir rentrer en voiture, le patron à l'abri d'un cordon policier et sous les accents de l'Internationale diffusée par un haut-parleur, s'est épanché auprès d'un journaliste : « Je suis écoeuré... C'est toujours la même chose. Les problèmes surgissent au moment où on a du travail et où on doit expédier des installations pour les clients qui ont de la pêche et de l'abricot... C'est une minorité qui met la pagaille... C'est Al-Qaïda, des terroristes, tout simplement .»

Ces délires patronaux sont sans effet sur le moral des grévistes, qui multiplient les initiatives, tant vis-à-vis des non-grévistes (en particulier dans les bureaux) que des travailleurs de la zone industrielle (diffusion de tracts, blocage des axes, barrage filtrant). Dans la matinée du vendredi 6 mai, ils se sont joints aux travailleurs de Proapro, une autre entreprise de la zone, qui depuis lundi 2 mai sont eux aussi en grève.

Proapro, ce sont plusieurs sites en France spécialisés dans la distribution alimentaire pour la restauration, dont le plus important est à Montauban. Le site de Marseille est lui aussi bloqué depuis le 9 mai. À Montauban, la grève touche essentiellement les ouvriers, 80 % de la logistique, ce qui fait 60 travailleurs sur le piquet de grève. Les revendications portées par le syndicat FO sont 5 % d'augmentation de salaire et de meilleures conditions de travail, face à une direction qui refuse toute discussion.

La rencontre avec les grévistes de MAF a été fraternelle. Cette grève qui est la première pour la majorité des travailleurs, outre la solidarité qu'elle a créée, leur permet de pouvoir mieux se connaître, de tisser des liens, alors que la plupart ne se voyaient jamais, étant tous les jours sur les routes.

Lundi 9 mai, les travailleurs des deux entreprises se sont retrouvés le matin pour rejoindre la préfecture où était organisé un pique-nique par les syndicats FO et CGT. Ils ont ensuite manifesté au cri de « Tous ensemble, tous ensemble.... » pour rejoindre le palais de justice afin de soutenir les représentants syndicaux FO de Proapro assignés par leur patron pour atteinte aux libertés du travail et de circulation des marchandises !

Le moral est donc toujours là pour les grévistes des deux entreprises, qui espèrent que la deuxième semaine sera déterminante.