- Accueil
- Lutte ouvrière n°2235
- Italie - Une défaite électorale de Berlusconi : Quelle alternative pour les classes populaires ?
Dans le monde
Italie - Une défaite électorale de Berlusconi : Quelle alternative pour les classes populaires ?
Le second tour des élections administratives partielles, provinciales et municipales, les 29 et 31 mai en Italie, a été une défaite politique pour Berlusconi et son parti, le Peuple de la Liberté (PDL), qui confirme les résultats du premier tour des 15 et 16 mai. Bien symbolique de cette défaite est le résultat de Milan, véritable capitale de la bourgeoisie italienne où la liste de droite n'a obtenu que 44,9 % contre 55,1 % à la liste de centre gauche conduite par Giuliano Pisapia. Mais à Naples également, que le PDL aurait voulu reconquérir, il subit un lourd échec en ne recueillant que 35 % des voix face aux 65 % du candidat de l'opposition Luigi De Magistris.
C'est d'autant plus une défaite pour Berlusconi qu'il s'était engagé personnellement dans la campagne, se plaçant sur la liste de droite à Milan avec la maire sortante Letizia Moratti. Il a fait feu de tout bois, politisant les enjeux, dénonçant les électeurs de gauche « sans cervelle » et même « qui ne se lavent pas », déclarant qu'en aucun cas Milan ne devait tomber dans les mains de Pisapia, présenté comme un gauchiste, voire comme un terroriste, affirmant qu'entre de telles mains Milan deviendrait une « zingaropoli », ce que l'on pourrait traduire comme une « gitanopole... », une tour de Babel abritant tous les étrangers de la planète. Et de multiplier aussi les déclarations sur l'Italie tombée sous la dictature des « juges rouges » ainsi nommés pour avoir l'audace de poursuivre les multiples procédures judiciaires visant Berlusconi pour ses affaires véreuses ou ses turpitudes sexuelles...
Il faut croire que la farce et la caricature ne font plus recette et qu'avec tout cela Berlusconi a plutôt éloigné ses électeurs, dont bon nombre se sont certainement abstenus à en juger par les 40 % d'abstention. En revanche il a sans doute contribué à mobiliser les électeurs de gauche. Et puis les gros procédés berlusconiens ne peuvent pas cacher que le pays s'enfonce dans la crise et une grande partie de la population dans la précarité et la pauvreté, quand ce n'est pas comme à Naples dans les monceaux d'ordures, problème que le gouvernement promet toutes les semaines de résoudre de façon définitive.
Le résultat ne sera pas sans poser problème pour la survie du gouvernement. La Ligue du Nord, son allié indispensable au parlement, a également été perdante dans ces élections, ce qui ne peut qu'accroître sa tentation de reprendre son indépendance à l'égard de Berlusconi. Des élections législatives anticipées pourraient alors se profiler, et les partis d'opposition, en premier lieu le Parti démocrate, voudraient donc être rapidement en ordre de marche pour apparaître comme une alternative politique à Berlusconi.
En fait d'alternative, la seule politique de cette opposition a été d'attendre que Berlusconi se discrédite à tel point que les électeurs n'aient plus d'autre solution que de se tourner vers elle et par exemple vers le Parti démocrate ; regroupement d'ex-communistes et d'ex-démocrates-chrétiens, on a du mal à l'appeler un parti de gauche, tant il épouse ouvertement les intérêts du grand capital.
C'est donc peut-être ce mouvement électoral qui a commencé à se produire. Mais à part le fait de remplacer Berlusconi, cette opposition n'a rien à proposer, rien à dire aux travailleurs et aux couches populaires de plus en plus frappées par la crise. Ce sera décidément à elles de construire leur propre alternative face à une société de plus en plus invivable.