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Leur société
Europe écologie-les Verts : À la pêche aux électeurs tous azimuts
Le 4 juin, le congrès d'Europe Écologie-Les Verts (EÉLV) a confirmé Cécile Duflot comme secrétaire générale. Cependant, elle s'est fait quelque peu ravir la vedette par une petite phrase de Nicolas Hulot, qui postule à la candidature pour la présidentielle de 2012 au nom de EÉLV, en concurrence essentiellement avec Éva Joly.
Lors d'un dîner avec des journalistes, Hulot a en effet raconté avoir envisagé de faire tandem avec Jean-Louis Borloo et dit qu'à regret, il avait dû abandonner cette piste, du moins pour le moment : « À ce stade-là, il est moins envisageable d'être avec lui que de faire un partenariat avec les socialistes. Mais on est à dix-onze mois de la présidentielle... »,a-t-il déclaré.
Éva Joly s'est empressée de faire la leçon à Hulot : « Dans une campagne, il faut savoir distinguer ses alliés et ses adversaires », parmi lesquels Borloo, « meilleur élève de Nicolas Sarkozy », qui a « soutenu le bouclier fiscal et signé les décrets d'autorisation d'exploration des gaz et pétroles de schiste ». Elle a ajouté sans rire : « Moi, je sais que je ne peux faire alliance qu'avec la gauche », feignant d'oublier qu'en juin 2008 elle avait été l'invitée vedette d'une « convention sur l'Europe » du Modem de Bayrou, dont elle envisageait de porter les couleurs aux élections européennes de 2009. Il est vrai que, trois mois plus tard, elle était passée de l'orange au vert, se voyant décerner un label d'écologiste par Cohn-Bendit. Au milieu de ce petit jeu très politicien, Duflot a réaffirmé son souci d'assurer des postes à Europe Écologie-Les Verts aux législatives en faisant tandem avec le Parti socialiste.
Si Hulot, ancien proche de Chirac, conforte une image de neutralité, ou d'ouverture à toutes les éventualités, ce n'est pas pour déplaire à Duflot qui, elle aussi, veut ratisser large. « Notre porte est ouverte, (...)nous voulons élargir notre maison commune », a-t-elle déclaré aux congressistes. Son objectif est de faire de la présidentielle « une nouvelle étape de l'écologie politique »
Ce qu'il faut entendre par là, c'est qu'il faut en faire une machine à recycler la popularité de Hulot, ancien animateur de télévision, ou celle de Joly, ancienne magistrate anticorruption, pour la transformer en suffrages électoraux et en postes de députés et de sénateurs. Quel rapport avec les préoccupations écologiques qui, nous expliquent les têtes politiques de ce mouvement, hantent leurs jours et leurs nuits ? Cela n'a rien d'évident.
Derrière les discours, on découvre sans peine les mêmes ambitions de carrière que celles qui motivent les politiciens, jeunes et moins jeunes, des autres formations.