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Leur société
Nouvelle attaque contre les retraites
Le 5 juillet, alors que la réforme des retraites de 2010, qui prévoit d'allonger progressivement l'âge légal de départ à la retraite de 60 ans à 62 ans, à raison de quatre mois supplémentaires par an, est à peine entrée en application le 1er juillet, Xavier Bertrand, ministre du Travail, a annoncé que la durée de cotisation requise pour toucher une retraite à taux plein augmenterait d'un trimestre pour les personnes nées en 1955 et après et passerait donc à 166 trimestres, soit 41,5 ans.
Actuellement, cette durée de cotisation est de 40 ans et trois trimestres pour les personnes nées en 1951 et doit passer à 41 ans en 2012 pour ceux qui sont nés en 1952. La réforme des retraites de 2010 avait prévu qu'elle passerait en 2013 à 41 ans et un trimestre pour les générations suivantes. Quant au passage à 166 trimestres, il était prévu pour... 2020.
Cette mesure va faire que les personnes nées en 1955, pour avoir droit à une retraite complète au moment de leur départ, devront à la fois être âgées d'au moins 61 ans et huit mois, et avoir travaillé 41,5 ans. Ceux qui ne satisferont pas à ces deux conditions devront, soit repousser la date de leur départ en retraite et continuer à travailler au-delà de l'âge légal, s'ils en ont la possibilité physique, soit, et c'est le plus probable compte tenu du taux de chômage des plus de cinquante ans, partir avec une retraite amputée. Tel est le but de la mesure.
Pour justifier cette nouvelle attaque, le gouvernement invoque une disposition de la loi Fillon de 2003 sur les retraites, qui lie allongement de l'espérance de vie et allongement du temps de travail, tout allongement de la première devant se traduire automatiquement par un allongement de la durée de cotisation pour la retraite. Or, selon l'Insee, l'espérance de vie aurait, en quatre ans, augmenté d'un an.
Mais il n'y a aucune raison objective, aucun mécanisme qui implique que l'augmentation de l'espérance de vie -- d'ailleurs très inégale selon les classes sociales -- doive se traduire automatiquement par une augmentation de la durée du travail... ou par une baisse des retraites des travailleurs.
La productivité du travail, c'est-à-dire le volume de richesses que chaque travailleur est capable de produire, s'accroît en même temps que l'espérance de vie, et donc que le nombre de retraités. Le problème, c'est de savoir à qui profite cet accroissement de la production de richesses.
Pour permettre à la bourgeoisie de maintenir ses revenus, voire de les accroître pendant la crise, pour financer les subventions, baisses de cotisations, réductions d'impôt, etc. en faveur des grandes entreprises et des plus riches contribuables, l'État puise dans les caisses de retraite -- et les poches des futurs retraités -- comme il puise dans toutes les caisses de la protection sociale et des services publics utiles à la population.
C'est une question de choix, de choix de classe.