Espagne : Élections anticipées - Zapatero baisse les bras pour sauver ses meubles03/08/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/08/une2244.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne : Élections anticipées - Zapatero baisse les bras pour sauver ses meubles

Le chef actuel de l'exécutif espagnol Jose Luis Rodriguez Zapatero (président du PSOE -- le Parti Socialiste Ouvrier d'Espagne -- jusqu'à il y a peu), l'a annoncé officiellement le 29 juillet : des élections générales anticipées auront lieu le 20 novembre 2011, donc avec quatre mois d'avance.

C'est ce que réclamait le parti de droite, le PP (Parti Populaire) depuis des mois, qui dénonçait l'incapacité du gouvernement socialiste à prendre les mesures dites « fortes » permettant à l'économie espagnole de faire face à la crise. Mesures qui consisteraient à réformer la législation du travail, à faciliter les licenciements, à précariser encore davantage l'emploi.

Le PP avait remporté les récentes élections régionales et municipales, prenant la tête de diverses régions et municipalités dirigées par le PSOE. Les dirigeants de la droite voudraient profiter de leur avantage dans les prochaines élections générales d'où sortira le futur gouvernement.

Jusqu'à présent, José Luis Zapatero se refusait à bousculer le calendrier électoral. Mais au lendemain de ces élections locales de mai, et du mouvement de contestation de la jeunesse qui a trouvé un large écho dans la population, il préfère semble-t-il sauver les meubles.

La politique du PSOE, qui a consisté à faire supporter aux classes populaires le poids de la crise, a porté un rude coup à son crédit dans son électorat. Les dirigeants socialistes savent que la crise va s'aggraver dans les mois à venir, et leur discrédit augmenter encore. Leur calcul est simple : faute de regagner le terrain perdu (les sondages en excluent la possibilité), le PSOE éviterait une défaite plus cinglante encore. Ils savent que leur politique, s'ils restent plus longtemps au pouvoir, consistera à exécuter les diktats des banquiers et des industriels, et à faire appliquer des plans de rigueur de plus en plus durs. Ils savent que les tiroirs des ministères sont remplis de projets de réformes antiouvrières, de réductions des budgets publics concernant l'enseignement, la santé, de perspectives de licenciements dans le secteur public comme dans le secteur privé. Ils préfèrent donc céder la place à une droite revancharde et réactionnaire, qui commence à s'offrir le luxe de faire une campagne sur le thème de la lutte contre le chômage.

Les dirigeants socialistes perdront sans doute la responsabilité de l'exécutif. Mais ils veulent malgré tout garder le maximum de sièges de députés et de postes dans les institutions. Ils essayent donc de limiter l'hémorragie de leur électorat populaire en rapprochant l'échéance électorale. C'est pourquoi le futur successeur de Zapatero, Alfredo Perez Rubalcaba, multiplie les déclarations destinées à donner le change aux travailleurs, aux gens du peuple et aux électeurs de gauche. Un petit clin d'oeil aux jeunes du M15, les « indignados ». Une petite promesse par-ci à propos de l'emploi des jeunes, une autre par-là pour aider les chômeurs et se prononcer contre la diminution des dépenses de santé, ou l'amputation des budgets sociaux. Mais tout le monde le sait, le PSOE ne fera pas en deux mois ce qu'il n'a pas fait en huit ans.

Zapatero jette l'éponge. Sa décision montre que les travailleurs espagnols, les chômeurs, les jeunes n'ont pas à compter sur ces hommes politiques de gauche, mais sur eux-mêmes, sur la force qu'ils représentent et sur leur détermination à ne plus accepter de payer la crise.

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