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Leur société
Marseille : Maîtres et disciples racketteurs
C'est à grand renfort de publicité que le ministre de l'Intérieur Claude Guéant est venu lui-même à Marseille installer cette semaine le nouveau préfet délégué à la sécurité des Bouches-du-Rhône.
Les syndicats policiers ont rappelé que les effectifs de la police ont fondu à Marseille, comme dans le reste du pays, et comme l'ensemble des effectifs dans les services de l'État. Depuis l'arrivée de Sarkozy au pouvoir, 352 postes de policiers, 300 adjoints de sécurité et 48 postes de gendarmes ont été supprimés, alors que Marseille compte 40 000 habitants de plus. Bien des habitants se plaignent de ne plus voir de policier dans les quartiers, et seuls 18 agents sont en charge de la lutte contre les trafics de stupéfiants.
L'affaire du parking de la Porte d'Aix à Marseille a été montée en épingle au mois d'août, et a permis une victoire plus facile contre les vendeurs à la sauvette que contre les truands qui en sont à un énième règlement de comptes.
Il y a une trentaine d'années, la place de la Porte d'Aix avait été dégagée à coups de bulldozers dans les vieilles maisons du quartier arabe, très commerçant, pour l'arrivée au coeur de la ville de l'autoroute nord. Plus récemment, des Puces s'étaient installées, gagnant tout le tour de la place. La partie proche de la bouche du métro avait été cernée par des grilles délimitant un parking payant géré par Vinci. Le bras de fermeture du parking, automatique, était souvent bloqué car il n'y avait pas d'employé de Vinci. Sans doute le parking ne lui rapportait-il pas assez d'argent.
Finalement, depuis plus d'un an, des jeunes du quartier, trouvant l'idée judicieuse, à l'écoute des leçons de marketing de Vinci, s'étaient mis à actionner ce fameux bras et à faire payer à leur tour.
Quant aux Puces, elles présentaient sur toute la place tout ce que la pauvreté, voire la misère, avait à vendre, des chaussures éculées aux CD et aux chargeurs de portable.
Quand soudain, le 3 août dernier, la télévision se faisait l'écho d'une indignation aussi vertueuse qu'officielle devant ces jeunes émules de Vinci. Ce « parking de la honte » était indigne de la ville élue pour être capitale européenne de la culture en 2013. Comme était indigne le campement des Roms sur la pelouse de la place. Il ne fallait plus supporter cela. Désormais, on appliquerait la « tolérance zéro », les Roms étaient chassés et même pourchassés (LO n° 2246), le parking à nouveau dûment fermé. La Communauté urbaine (MPM) s'est engagée à prendre en charge le gardiennage, la vidéo-surveillance et la clôture. Vinci, lui, n'aura plus qu'à récolter sa dîme.
Pour l'instant il n'y a plus de Puces, la pelouse de la Porte d'Aix désertée est surveillée par des CRS, quant au parking il présente un espace fermé de hautes grilles, aux places fraîchement repeintes, à l'entrée fermée par des blocs de béton. Et complètement vide.
Victime collatérale de cette mini-crise, le préfet de police a été remplacé.
Quant à la misère, omniprésente, elle reste bien en place.