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Leur société
Présidentielle : Quand Hollande et Sarkozy battent la campagne
En cette rentrée, les commentateurs laissent entendre que la campagne pour l'élection présidentielle va changer de rythme. On passerait donc au deuxième round d'une compétition entre les deux principaux candidats, « Little » Sarkozy contre « Sugar » Hollande, pour poursuivre dans la comparaison sportive, tant cet affrontement ressemble à un match de catch. Avec des prises et des coups tordus d'autant plus spectaculaires qu'ils sont en grande partie simulés.
François Hollande a ouvert le feu avec une longue déclaration publiée dans le numéro de Libération du 3 janvier. Deux pages qui épinglent Sarkozy et dans lesquelles on trouve presque toutes les dix lignes les mots courage, justice, mais aussi effort, responsabilité, etc., et rien d'autre, derrière ces mots ronflants. Aucun engagement qui aurait permis aux électeurs qui voteront pour lui d'espérer quoi que ce soit de concret dans leur situation, s'il accède à la présidence.
Il est vrai que les engagements électoraux n'engagent vraiment que ceux qui y croient. Hollande, qui est expert en la matière, s'est chargé de le rappeler dans Libération : « Une campagne électorale est un moment particulier où bien des choses peuvent être dites, bien des mensonges proférés, bien des paradoxes présentés comme des vérités de bon sens. »
Cette homélie, Hollande la destine à son adversaire Sarkozy, mais elle pourrait tout aussi bien s'appliquer à lui et à tous ceux que la presse a qualifiés de « grands » candidats.
François Copé, au nom de la droite, s'est précipité sur les micros des médias pour relever cette absence de proposition de la part du postulant socialiste. Il feint d'oublier que Sarkozy, qu'il soutient, se garde d'annoncer sa candidature. Ce secret de Polichinelle -- c'est bien le mot -- évite au président en place de prendre lui aussi le moindre engagement précis. Cette position lui permet de sillonner le pays de Metz à Brest, de verser quelques larmes sur ceux qui doivent travailler, y compris à Noël ou à la Saint-Sylvestre (il pense surtout aux gendarmes et aux policiers), tout en vilipendant les grévistes de la sûreté dans les aéroports, qui eux aussi travaillent dur, sept jours sur sept, dans des conditions intolérables. C'est de cette façon que Sarkozy lui aussi bat la campagne, en expliquant qu'il nous annoncera sa candidature en temps utile.
Ces pantalonnades à deux ont tout d'une farce. Sauf qu'elles ne sont pas drôles, ni même intéressantes.
Mieux vaut, pour les travailleurs, se préparer à intervenir, non pas sur ce terrain électoral, mais sur un terrain plus solide, celui des luttes, qui seules peuvent faire échec aux mauvais coups qu'ils subissent.