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Leur société
Décès de notre camarade Gérard Séné
Les militants de Lutte Ouvrière s'associent à nos camarades de Combat Ouvrier pour rendre un dernier hommage à Gérard Séné, notre camarade.Le texte qui suit est paru dans le dernier numéro du journal communiste révolutionnaire (trotskyste) antillais Combat Ouvrier.
Notre camarade Gérard Séné est décédé le 3 février dernier, à l'âge de 68 ans, à Montpellier. Il fut inhumé le jeudi 16 février au cimetière de Goyave en Guadeloupe.
Il avait dû se rendre en 2011 à Montpellier. Il s'est battu contre la maladie pendant une année avant que le cancer ait eu raison de lui.
Notre camarade est né le 31 juillet 1943 et a grandi en Guadeloupe, élevé par une tante après la mort de ses parents très jeunes.
C'est en 1963 que Gérard partit en France poursuivre ses études, comme tous les bacheliers de l'époque. Mais de suite l'engagement militant, politique, accapara tout son temps, ses forces et ses préoccupations.
Notre camarade fut l'un des principaux fondateurs de notre organisation politique, Combat Ouvrier, en Guadeloupe et en Martinique. C'est en novembre 1965, à Paris, qu'un noyau d'étudiants antillais, avec lui comme principal animateur et organisateur, lançait le Manifeste de la Ligue antillaise des travailleurs communistes dans un petit journal ronéoté du nom de Lutte Ouvrière. L'un des principaux articles de ce programme, « Le drapeau des masses sera le drapeau rouge », affirmait la nécessité de la construction d'un Parti ouvrier communiste révolutionnaire aux Antilles dites françaises, condamnait le nationalisme prôné par les organisations indépendantistes de l'époque. Il affirmait aussi la nécessité de l'indépendance organisationnelle et politique du prolétariat de Guadeloupe et de Martinique, dans la tradition révolutionnaire de la révolution russe d'octobre 1917, celle de Lénine, de Trotsky, et combattait le stalinisme qui gangrenait la plupart des partis communistes et de larges fractions de la classe ouvrière.
La compréhension d'un tel programme a été facilitée par le contact avec les camarades du groupe trotskyste Voix Ouvrière (UCI-Union communiste internationaliste - aujourd'hui Lutte Ouvrière - organisation d'Arlette Laguiller et Nathalie Arthaud). L'aide théorique de ces camarades ayant déjà une plus longue expérience politique et militante fut précieuse en dépit du petit groupe qu'ils constituaient à l'époque.
Gérard, par ses contacts et discussions avec les camarades de VO, a pu ensuite convaincre plus efficacement le petit groupe d'étudiants antillais de la justesse du programme communiste révolutionnaire, léniniste et trotskyste. C'est notamment au sein de l'AGEG (Association générale des étudiants guadeloupéens) et de l'AGTAG (Association générale des travailleurs antillais et guyanais) que se mena alors la lutte politique et idéologique contre le nationalisme, le tiers-mondisme et autre castrisme. C'est notamment contre le programme du GONG (Groupe d'organisation nationale de la Guadeloupe) que le groupe animé par Gérard eut à mener la lutte qui privilégiait les intérêts spécifiques de la classe ouvrière face à ceux qui représentaient objectivement les intérêts de la petite bourgeoisie.
Ce groupe milita durant plusieurs années dans l'émigration antillaise en France autour de son petit journal Lutte Ouvrière et d'une feuille qui dénonçait l'exploitation des travailleurs, gro-ka, et qui était distribuée principalement aux travailleurs des PTT et des hôpitaux.
En 1971 le groupe décida de rentrer en Guadeloupe, puis en Martinique. Gérard poursuivit son rôle d'animateur, de formateur, de militant, de conseiller, de dirigeant aux côtés de ses camarades, jusqu'à sa maladie, début 2010.
Il eut notamment l'occasion de s'impliquer personnellement dans plusieurs grèves de la banane aux côtés des travailleurs dans la région de Capesterre. Il fut aussi plusieurs fois candidat de Combat Ouvrier aux élections, cantonales et législatives.
Dans le même temps, Gérard a aussi contribué à la formation de groupes de notre tendance internationale : l'UCI (Union communiste internationaliste) dans l'émigration africaine en France avec l'UATCI (L'Union africaine des travailleurs communistes internationalistes), ou encore de l'OTR en Haïti, (Organisation des travailleurs révolutionnaires). Il a aussi eu l'occasion de faire plusieurs voyages en Amérique latine pour discuter avec d'autres groupes et organisations du mouvement trotskyste.
Le militant Gérard aura consacré sa vie au communisme révolutionnaire, à lutter pour construire une organisation qui sache incarner et défendre ces idées. Il l'a fait avec un dévouement et un travail remarquables. Ses qualités d'orateur et surtout de débatteur, de polémiste n'étaient pas un secret pour tous ceux qui l'ont approché sur ce terrain.
L'homme Gérard, lui, aimait la vie, les bonnes tables, la musique, surtout le jazz. Passionné, très cultivé et curieux de tout, sa soif de connaissances le poussait toujours à rechercher plus loin, à lire, à se documenter sans arrêt.
Le jeudi 16 février donc, un hommage lui a été rendu par sa famille et ses camarades de Guadeloupe et de Martinique, comme il le souhaitait, dans la simplicité et la discrétion, conclu par une vigoureuse Internationale, le chant des travailleurs, le chant des communistes.