- Accueil
- Lutte ouvrière n°2277
- Fonderie du Poitou Aluminium -- Ingrandes (Vienne) : De Nanterre à Paris, les fondeurs en colère
Dans les entreprises
Fonderie du Poitou Aluminium -- Ingrandes (Vienne) : De Nanterre à Paris, les fondeurs en colère
Mercredi 14 mars, 330 travailleurs de la Fonderie du Poitou Alu (FDPA) d'Ingrandes ont débarqué avec banderoles, tambours et trompettes devant le tribunal de commerce de Nanterre, qui devait étudier les propositions de plusieurs candidats à la reprise de la fonderie, sous administration judiciaire depuis la mise en cessation de paiement du propriétaire, Montupet.
Sur place, ils ont reçu le soutien d'une délégation de travailleurs de la Snecma Gennevilliers, venus montrer que la lutte des fondeurs châtelleraudais est aussi celle de tous les travailleurs.
Partis dès 5 heures du matin, les fondeurs venaient rappeler aux différents protagonistes que leurs exigences n'ont pas varié depuis la grève de huit semaines qui les a vus s'opposer au projet de Montupet de baisser les salaires de 25 % au nom de la compétitivité. Ils se sont battus bec et ongles pour ne pas être réduits à des salaires de misère. Ce n'est pas pour accepter maintenant qu'on les prive de leur emploi.
À la menace d'une liquidation, ils opposent la revendication d'une reprise par Renault, propriétaire de la fonderie jusqu'à la fin des années 1990 et principal donneur d'ordres. Et, à défaut, ils exigent de Renault qu'il garantisse une charge de travail suffisante pour qu'une reprise soit possible sans licenciements ni baisse des salaires. De Renault à Montupet en passant par Teksid-Fiat et deux fonds d'investissement, qui ont été les propriétaires successifs de l'usine, ils ont produit suffisamment de profits pour ne pas être les laissés pour compte des fluctuations de la production.
Si elle a confirmé l'intérêt de plusieurs repreneurs pour FDPA, la séance du tribunal de commerce n'a débouché sur aucun engagement, et a fortiori pas sur l'engagement de Renault à reprendre la fonderie. Renault s'engage paraît-il à fournir une charge plus conséquente à l'horizon 2014-2015, argument qui peut convaincre un repreneur.
Mais pourquoi les travailleurs devraient-ils se résigner à ce que leur sort, la vie de leurs familles, soient conditionnés par les fluctuations du marché automobile ? Si crise il y a, qu'on taille dans les profits, pas dans les salaires ! Et que Renault et l'État, qui en demeure actionnaire à 15 %, cessent de tergiverser : les fondeurs ne veulent ni baisse des salaires, ni emplois sacrifiés, ni continuation d'activité par le groupe Montupet, symbole honni du mépris patronal. Ils l'ont de nouveau clamé l'après-midi même sur les Champs-Élysées, vitrine de Renault mais aussi, à leurs yeux, des fastes et des frasques sarkoziens.