Hollande, Sarkozy, Mélenchon : La croissance, disent-ils, mais pour qui ?22/03/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/03/une2277.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Hollande, Sarkozy, Mélenchon : La croissance, disent-ils, mais pour qui ?

La quasi-totalité des candidats, de Hollande à Sarkozy, en passant par Bayrou ou Mélenchon, expliquent que le préalable à toute amélioration des conditions d'existence des travailleurs passe par un retour de la croissance. Un coup de pouce au smic ? Oui, répond Hollande, à condition que « nos » entrepreneurs en aient les moyens. Sarkozy, Fillon, d'autres répondent en écho : les caisses sont vides, il faut les remplir d'abord, pour ensuite redistribuer.

La croissance, cela devrait signifier répondre de mieux en mieux aux besoins de la population. Mais pour les politiciens qui nous gouvernent et ceux qui se proposent de le faire, cela signifie d'abord la croissance des richesses, en fait celle des capitalistes.

Quand des grandes banques réalisent un coup dans des opérations spéculatives, c'est selon eux de la croissance. Quand Bouygues ou Dassault réalisent un contrat exceptionnel, l'un, il y a des années, pour construire une cathédrale qui dépasse les dimensions de Saint-Pierre de Rome, en plein coeur de la Côte d'Ivoire, pays à majorité musulmane, l'autre pour fournir des Rafale en Inde... c'est comptabilisé dans la croissance. Mais si cela en est une pour les actionnaires de ces deux groupes, ça l'est nettement moins pour les salariés en France, et pas du tout pour la population ivoirienne ou indienne. Pour ces dernières, c'est même un coût.

Améliorer l'accueil dans les écoles, dans les hôpitaux, les conditions de déplacement par le développement des transports publics, améliorer les conditions de logement : ce serait cela la croissance réelle et profitable à la population, et cela n'a rien à voir avec la croissance des profits d'un roi du béton, d'une major du pétrole ou des grandes familles de l'automobile ou de la grande distribution. Pourquoi en effet les laisserait-on ne choisir que ce qui est rentable pour eux ?

Pourquoi se laisser commander par le marché, c'est-à-dire par leur recherche de profit, qui ne coïncide pas forcément avec la satisfaction des besoins de la population ? De quel droit ces possesseurs de grandes fortunes, cette aristocratie moderne, aussi injuste, impitoyable et finalement aussi parasitaire que leurs ancêtres de 1789, feraient-ils la loi ? Et, plutôt que de se soumettre à leurs volontés, parfois à leurs caprices, pourquoi ne serait-il pas possible de recenser les besoins et d'organiser la production pour les satisfaire ?

L'argent existe pour faire cela, dans les caisses des capitalistes, des banquiers, des industriels, fruit du travail accumulé de millions de salariés depuis des décennies. Il existe aussi dans les caisses de l'État, issu de l'impôt dont la plus grande part provient des classes populaires. Les moyens techniques, les compétences sont là, constitués par l'armée des travailleurs, du manoeuvre à l'ingénieur, ceux qui sont encore au travail et ceux que le chômage laisse en friche. Toutes les composantes sont réunies pour que cette croissance-là, au sens de la satisfaction des besoins réels, se développe, sans qu'il soit besoin d'enrichir les riches.

À cette croissance-là, les Hollande ou même Mélenchon -- ne parlons pas des Sarkozy, Bayrou ou Le Pen -- ne songent même pas. Car pour cela il faudrait une volonté de rompre radicalement avec ce système économique et social. Pourtant, face à l'impasse tragique dans laquelle nous entraînent ceux qui tiennent -- si mal -- les manettes de l'économie, c'est la véritable issue, et même la seule.

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