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- Lutte ouvrière n°2277
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Martin -- Villeurbanne (Rhône) : la direction veut imposer des reculs : ça ne passe pas
Depuis le vendredi 9 mars, les travailleurs sont en grève chez Martin à Villeurbanne, usine spécialisée dans la fabrication de matériel pour l'industrie du carton et filiale du groupe suisse Bobst, un des leaders mondiaux du secteur. Sous prétexte d'améliorer la compétitivité, la direction a décidé de s'en prendre aux conditions de travail et de rémunération. Depuis plusieurs mois l'ambiance s'était dégradée, et la colère a fini par exploser.
Jusque-là, les horaires de travail étaient souples, ce qui permettait aux salariés de s'organiser plus facilement. La direction veut passer à des horaires fixes, dans le cadre d'un projet « lean » qui vise à augmenter la productivité. Les salariés s'opposent à ces nouveaux horaires et sont hostiles à ce projet, qui risque d'entraîner beaucoup de stress et des troubles musculo-squelettiques à cause des cadences accélérées.
Depuis des années, le nombre d'ouvriers en production n'a cessé de baisser, alors que ce sont eux qui produisent et enrichissent l'entreprise. Ils sont aujourd'hui 120, pour 400 salariés au total. Pourtant, en cette période de chômage, il serait plus utile d'embaucher et de former des jeunes. Pour faire passer son projet, la direction a eu recours à un chantage : elle a menacé, s'il était refusé, de remettre en cause l'accord des 35 heures, ce qui toucherait aussi le personnel des bureaux. Elle a ainsi voulu jouer la division, tout en montrant un mépris qui révolte les travailleurs.
La coupe a été pleine quand la direction a annoncé la remise en cause de la hausse annuelle des salaires, générale et indexée sur le coût de la vie. Elle veut la remplacer pour partie par une augmentation individuelle au mérite, autrement dit, à la tête du client. Comme l'affirme une pancarte sur les grilles de l'usine, les travailleurs sont « contre l'individualisation des salaires », qu'ils ressentent comme une attaque contre eux tous.
La direction veut imposer toutes ces mesures pour augmenter ses profits, alors que le groupe a réalisé 8 millions de bénéfices sur les deux sites lyonnais en 2011. La grève a été totale en production et les travailleurs ont occupé l'entrée de l'usine. La presse et la télévision locale sont venues, et cette publicité n'a pas plu à ce groupe qui est très discret.
La direction a fait la sourde oreille. Mardi 20 mars, après une semaine de grève, les travailleurs ont arrêté leur mouvement, un mouvement qui leur a permis de montrer au patron qu'ils pouvaient lui répondre collectivement.