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- Lutte ouvrière n°2277
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Leur société
Toutes les raisons de maudire Sarkozy : Aucune raison de bénir Hollande
S'il y a un sentiment partagé dans le monde du travail, c'est que « si Sarkozy (ici quelques adjectifs...) repasse, ce sera catastrophique ». Ce sentiment plus que compréhensible se fonde évidemment sur l'expérience de la politique passée de Sarkozy, qui a été une longue suite d'attaques contre les travailleurs, et sur ses discours de campagne pleins de mépris à leur égard.
Mais si Sarkozy part, sa politique partira-t-elle avec lui ? S'il a bien été le chef d'orchestre des attaques antiouvrières depuis cinq ans, ce n'est pas lui qui a écrit la partition. Sacrifier les services publics pour consacrer le budget de l'État à secourir les profits des grands groupes et à assurer la rente des banquiers, laisser continuer l'hémorragie d'emplois dans le privé et en supprimer 150 000 dans le public, bloquer les salaires pendant que les prix à la consommation augmentent sans contrôle, reculer l'âge de la retraite, diminuer les remboursements des soins médicaux, couper dans les budgets sociaux : des mesures semblables ont été prises par tous les gouvernements, dans tous les pays, car ce sont les mesures qu'exigent les capitalistes de la banque et de la grande industrie. Et ceux-ci continueront à les exiger, de tout le poids de leur argent, de leur influence, de leur État, quel que soit le résultat du scrutin.
Sarkozy battu, ce serait Hollande élu. Malheureusement, l'expérience des gouvernements socialistes passés comme les promesses de rigueur et les garanties de paiement de la dette donnés par le candidat montrent que les travailleurs n'ont rien à attendre d'un Hollande président. Il y a quelques mois, ce sont des gouvernements socialistes qui, en Grèce et en Espagne, appliquaient une politique plus féroce encore que celle de Sarkozy en France. Cela laisse présager ce que sera sa politique.
Alors, bien plus que le résultat des élections, avec Hollande comme avec Sarkozy, ce sera le rapport de forces réel entre les travailleurs et le grand patronat qui sera déterminant. Rien n'empêchera les licenciements et ne contraindra les patrons à augmenter les salaires, s'il n'y a pas des millions de travailleurs dans la rue pour l'imposer puis pour le faire respecter. Dans toute leur histoire, les travailleurs n'ont obtenu que ce qu'ils ont imposé au patronat. C'est à cette perspective-là qu'il faut se préparer. Sans quoi, la satisfaction qui serait partagée le 6 mai au soir par des millions de travailleurs, pour avoir renvoyé Sarkozy à Neuilly, finirait par avoir un goût bien amer.