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Leur société
Rencontres en coulisse : Hollande et ses amis grands patrons
« Je n'ai jamais vu autant de chefs d'entreprise et de banquiers, même quand j'étais ministre de l'Économie et des Finances, que depuis trois mois », a déclaré l'ancien ministre socialiste Michel Sapin. Cette phrase a été rapportée par différents journaux de la presse économique qui révèlent que, depuis plusieurs mois, l'équipe de François Hollande multiplie très discrètement les contacts avec les patrons des grandes entreprises.
Mis à part les irréductibles sarkozistes (du moins jusqu'aux résultats du second tour !) tels que Dassault, Bouygues ou Bolloré, nombre de grands patrons ne verraient pas d'un mauvais oeil l'arrivée de Hollande au pouvoir. Un chef d'entreprise s'est même lâché en déclarant que, si les patrons avaient apprécié au départ l'énergie de Sarkozy, ils avaient ensuite été déçus par « son manque de cohérence dans la stratégie, mais aussi des processus de décision imprévisibles, très éloignés des règles de gouvernance dans les grandes entreprises », choses qu'ils semblent avoir trouvées dans les assurances données par son concurrent.
Parmi les principaux représentants du grand patronat favorables à Hollande, on trouve des proches du candidat, associés à sa campagne : André Martinez, ancien dirigeant du groupe Accor, Jean-Pierre Jouyet, président de l'Autorité des marchés financiers (AMF) et André Macron, de la banque Rothschild. Viennent ensuite des dirigeants de grands groupes, tels Gérard Mestrallet, de GDF-Suez, Stéphane Boujenah, patron de la banque Santander pour la France, Mathieu Pigasse, de la banque Lazard, etc. Ou des ex-dirigeants comme Anne Lauvergeon, d'Areva, et Jean-Cyril Spinetta, d'Air-France-KLM. Il aurait aussi des liens d'amitié avec le PDG de Total, Christophe de Margerie, celui de Vivendi, Jean-Bernard Lévy, ou le président d'Axa, Henri de Castries. Et la liste est loin d'être close, de tous ces dirigeants qu'il a côtoyés depuis son passage à l'ENA et au cours de sa carrière politique.
Si Hollande a pour l'instant refusé de voir la présidente du Medef Laurence Parisot, trop marquée comme la donneuse d'ordres du gouvernement Sarkozy, il envisage cependant de la recevoir dès après le second tour des élections. En revanche, il a tissé de bonnes relations avec l'UIMM, le puissant syndicat patronal de la métallurgie, et a donné des assurances aux PME, leur promettant un impôt progressif.
François Hollande ne fait pas peur aux patrons car il est de leur monde. Ils savent bien que, même s'il parle de moraliser la finance et l'économie en s'en prenant par exemple à quelques inégalités trop criantes, il défendra fidèlement leurs intérêts. Et ils peuvent penser que ses discours vaguement de gauche et l'appui que lui donneront les centrales syndicales lui permettront de faire mieux passer les attaques contre les travailleurs.
Jusqu'à ce que ceux-ci se rendent compte qu'un ami des grands patrons ne peut pas être en même temps de leur côté.