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Leur société
Toulouse : La misère des Roumains et des Bulgares
On se rappelle comment Sarkozy, encore plus dans les dernières semaines de la campagne présidentielle, avait fait feu de tout bois contre l'immigration, taxant la gauche d'être laxiste sur le sujet. Les associations de défense des immigrés et les immigrés eux-mêmes espéraient un changement avec le nouveau président. À Toulouse, ils n'ont pas tardé à déchanter.
Dans cette ville, quelques dizaines de familles roumaines et bulgares, principalement roms, sont venues s'installer, fuyant la misère et le racisme contre leur communauté. Ne trouvant pas de place auprès du « 115 », ces familles avec souvent des enfants en bas âge se sont installées où elles pouvaient, dans des tentes et des baraquements de fortune construits avec des matériaux de récupération.
Pierre Cohen, le maire socialiste de Toulouse, n'a pas tardé à réagir. Fin mars, dans un courrier au préfet, il faisait état de « la situation préoccupante d'un campement illicite de ressortissants européens roms » qui suscitait « inquiétude et mécontentement de la part de riverains ». Il précisait que ce camp n'avait pas « vocation à se pérenniser » et que « la question d'un accompagnement social » ne pouvait pas se poser. Et le courrier se concluait en demandant quelles seraient « les initiatives de l'État pour résoudre ce problème ».
La réponse ne s'est pas fait attendre ; la préfecture a délivré des OQTF : obligations de quitter le territoire français.
Mais, dernièrement, la répression a été plus vive encore contre deux autres campements : le 31 mai et le 6 juin, la police est intervenue avec un bulldozer pour raser les campements et un camion-benne pour tout enlever : tentes, abris, couvertures, vêtements, nourriture mais aussi pièces d'identité et documents administratifs... laissant les familles dans un dénuement plus terrible encore.
Environ 140 personnes se sont maintenant regroupées le long des berges de la Garonne, près d'un restaurant social qui délivre un repas par jour et permet de se laver. Quelques associations leur procurent des tentes, quelques vivres et vêtements mais elles vivent dans une misère extrême. Les jeunes mamans n'ont pas de couches pour leur bébé, les parents ne songent même pas à envoyer leurs enfants à l'école car ils n'ont rien pour les vêtir correctement. La mairie non seulement n'apporte aucune aide, mais se refuse à installer des conteneurs à ordures. Les poubelles s'entassent et favorisent la prolifération des rats. La police passe régulièrement et menace d'une expulsion prochaine en expliquant que des familles ne peuvent pas vivre au milieu des rats !
Jusqu'à présent, les quelques associations présentes ont réussi à éviter l'évacuation du camp en mobilisant suffisamment de volontaires pour s'y opposer. Mais l'inquiétude est permanente, les familles n'osant quitter leur campement de peur qu'à leur retour tout soit détruit et enlevé.
Et pendant ce temps, dans les colonnes du quotidien local, le maire de la commune se flatte d'aménager prochainement les berges de la Garonne pour y créer un parc « dix fois plus vaste que Central Park »...