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- Lutte ouvrière n°2292
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Espagne - mineurs des Asturies : Leurs luttes sont celles de tous
Aux Asturies, la lutte des mineurs pour la défense de leur emploi se poursuit. Les occupations de mines, les manifestations, les barrages de routes et de voies de chemin de fer, les rassemblements dans les villes continuent. Et lorsque la police choisit l'affrontement, les mineurs ripostent fermement, avec l'appui des jeunes, d'autres travailleurs et le soutien de toutes les organisations syndicales.
La « marche noire » des mineurs qui arriveront à pied à Madrid le 11 juillet suscite des mouvements de solidarité. Nombreux sont les travailleurs de secteurs différents qui ressentent la réaction des mineurs aux attaques du gouvernement et du patronat comme un combat qui concerne les classes populaires, partout frappées par le chômage.
Et puis, pour de nombreuses familles ouvrières, il y a le souvenir des luttes passées des mineurs du charbon de cette région, qui ont bravé à différentes périodes des gouvernements réactionnaires et un patronat agressif.
L'insurrection d'Octobre 1934, aux Asturies, a été déclenchée par les mineurs soulevés contre la présence de ministres d'extrême droite dans le gouvernement républicain d'alors. Aux cris de « Unissez-vous, frères prolétariens », ils mirent sur pied une véritable Commune ouvrière révolutionnaire. Les Alliances ouvrières, qui comptaient des militants anarchistes, socialistes, communistes et des syndicalistes, affirmaient leur volonté d'en finir avec l'exploitation capitaliste et d'organiser une société communiste. Le patronat, les possédants, l'armée ont alors organisé une répression impitoyable, faisant intervenir la troupe, avec Franco à sa tête. Ils massacrèrent des milliers de mineurs et en emprisonnèrent des milliers d'autres. Cette lutte marque encore aujourd'hui les consciences.
Vingt-huit ans après, en 1962, en pleine dictature franquiste, une nouvelle grève des mineurs témoigna du réveil du mouvement ouvrier. Contre les grévistes qui refusaient la dictature, l'exploitation impitoyable qu'ils subissaient et qui réclamaient une augmentation de leurs salaires, la réponse du régime fut encore d'une extrême violence. Mais les mineurs des Asturies et avec eux toute la population ouvrière de cette région avaient fait la démonstration qu'il était possible d'agir. La voie était ouverte pour d'autres luttes. Pas seulement aux Asturies, mais dans tout le pays.
Vingt-cinq ans plus tard, les mineurs des Asturies, leurs familles, leurs enfants choisirent à nouveau de ne pas se laisser faire quand, en 1987, les socialistes qui étaient depuis cinq ans au pouvoir décidèrent d'entreprendre la fermeture des puits. Par des grèves et des luttes, ils obtinrent une reconversion à des conditions qu'ils estimèrent acceptables.
Alors, quand les mineurs et les travailleurs de cette région se dressent aujourd'hui pour refuser de payer la crise, pour ne pas accepter le chômage et la misère, des centaines de milliers de travailleurs dans le pays peuvent reprendre espoir.