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Leur société
Terra Nova : Un terrain pas bien nouveau
Quelques jours à peine après le décès subit d'Olivier Ferrand, fondateur de Terra Nova, un organisme chargé de fournir des idées au PS, ce même organisme publiait un rapport intitulé « Investir dans l'avenir. Une politique globale de compétitivité pour la France ».
Ce document est cosigné par le président d'honneur de Renault, Louis Schweitzer, et par Ferrand. Celui-ci venait à 42 ans d'être élu député PS et avait même figuré sur la liste des ministrables, avec derrière lui une carrière déjà notable de « serviteur de l'État.
Haut fonctionnaire du Trésor, il avait occupé, entre autres postes, celui de conseiller de Lionel Jospin ou encore de Romano Prodi, ancien chef du gouvernement italien et ex-président de la Commission européenne. À la tête de Terra Nova (Terre Nouvelle, en latin), pour laquelle travaillent un millier d'« experts », il avait la charge d'aider la direction du PS à habiller de neuf la vieille politique social-démocrate, celle de la gestion loyale du capitalisme.
Ce rapport est « une proposition de pacte économique entre la gauche et le patronat », écrit le quotidien des milieux d'affaires, Les Échos. Il commence d'ailleurs par dresser la liste de plusieurs dizaines de grands patrons consultés. Il rappelle aussi que les travaux de Terra Nova se sont déroulés, avant la présidentielle, en présence de dirigeants PS propres à inspirer toute confiance au patronat. En l'occurrence, Laurent Fabius, actuel ministre des Affaires étrangères dont le nom est associé au « tournant de la rigueur » sous Mitterrand, et Michel Sapin, plusieurs fois ministre sous Mitterrand et Jospin, notamment à l'Économie ou au Budget, et devenu ministre du Travail de Hollande.
Les principaux points que préconisent ceux qui ont inspiré ce rapport sont, selon le quotidien cité, de procéder à « la baisse du coût du travail » et de « remettre d'urgence sur la table » le sujet de « la baisse des charges patronales ». En clair, il s'agit de prendre dans les poches des travailleurs pour remplir celles des employeurs. Les auteurs du rapport plaident aussi « pour des délais raccourcis en matière de plan social » et « pour l'instauration des accords compétitivité-emploi (qui moduleraient de manière plus souple temps de travail, salaires et emploi dans une même entreprise) ». Au programme, donc, une plus grande facilité de suppressions d'emplois pour le patronat et une « flexibilité » accrue au détriment des salariés dans tous les domaines.
Des projets, précisent Les Échos, « mis sur la table par le patronat de la métallurgie et défendus par le précédent gouvernement » de droite, que reprend ce rapport en suggérant à l'actuel gouvernement PS de les adopter.
Ce rapport contribue à souligner combien « le changement maintenant » s'apparente à une continuité dans la connivence des politiciens au pouvoir et du patronat contre les travailleurs.