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- Lutte ouvrière n°2295
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Autoliv-Isodelta -- Chiré-en-Montreuil (Vienne) : Une nouvelle attaque patronale en perspective
L'usine Autoliv-Isodelta de Chiré, située à 20 km de Poitiers, compte près de 700 travailleurs et fabrique des volants pour l'industrie automobile. Rachetée en 1999 par la multinationale suédoise Autoliv, elle a vu ses effectifs fondre, tandis que sa production augmentait. Depuis plusieurs semaines, dans les ateliers du site poitevin, la direction distille sournoisement des doutes sur le maintien de la production de volants et annonce un plan de compétitivité.
Le trust n'a évidemment aucune difficulté. Il a construit d'autres usines en Tunisie, en Turquie et, récemment, en Roumanie (à partir de septembre 2012), en y transférant des opérations effectuées auparavant à Chiré.
Sur les huit dernières années, les effectifs de l'usine sont passés de 1052 travailleurs en CDI à 660 aujourd'hui (sans compter les dizaines de licenciements d'intérimaires). La production, quant à elle, a crû de 11 000 à 18 000 volants par jour (+ 61 % ! ). Sur la même période, les collectivités locales ont soutenu les patrons -- sous prétexte de sauver les emplois, avec le succès que l'on voit -- en finançant des plans de formation, l'amélioration de liaisons routières d'accès à l'usine et, pour quatre millions d'euros, l'arrivée du gaz naturel sur le site.
Après le transfert de machines, en janvier dernier, du site de Poitiers vers la future usine roumaine, l'atelier de moussage des volants (atelier polyuréthane) a vu récemment une partie de sa production délocalisée en Tunisie. Dans le même temps, à l'assemblage, les cadres faisaient pression pour trouver des « volontaires » afin de faire des heures supplémentaires. La faiblesse des salaires n'était de toute évidence pas suffisante pour motiver les ouvrières, qui sont majoritaires dans cette partie de l'usine.
Sur ce, la direction imposait à ces mêmes ouvrières, quelques semaines après, de prendre sur leurs jours de congés parce que la production à faire était moindre. Ce mépris patronal a déclenché un débrayage -- dans une usine qui en connaît peu -- à l'atelier d'assemblage. Ce mouvement de colère a forcé une partie de la direction à descendre dans l'atelier pour s'expliquer et tenter de faire croire qu'elle et les travailleurs étaient sur le même bateau.
La situation d'Autoliv-Isodelta fut un des thèmes des dernières élections législatives. Sollicitée par la presse locale, la députée sortante PS s'extasiait devant le bel outil industriel que représentait l'usine, tandis que son concurrent UMP se proposait, s'il était élu, de jouer le rôle de représentant de commerce de la direction. Ni l'un ni l'autre n'ont évoqué les suppressions d'emplois, la faiblesse des salaires ou l'augmentation des maladies professionnelles.
Lundi 16 juillet, la direction a annoncé d'importants transferts de machines vers les autres sites, et ce malgré son engagement que les délocalisations de janvier n'auraient pas de suite. L'appel à débrayer lancé par la CFDT a été un succès.
Eh bien non, ce n'est pas aux ouvriers de payer pour l'incurie des capitalistes et les ratés de leur système économique chaotique.