Céréales : Spéculation et menace de famine15/08/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/08/une2298.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Céréales : Spéculation et menace de famine

Les prix alimentaires mondiaux, la cotation des récoltes de céréales dans les Bourses de Chicago, de Paris ou d'ailleurs flambent. Pour le seul mois de juillet, ils auraient grimpé en moyenne de 6 %, selon la FAO, l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. Pourquoi cette hausse ? Les raisons sont variées, mais parmi les facteurs aggravants figure ce que les experts appellent une « spéculation financière intense ».

Une grave sécheresse aux États-Unis, après celle qui a frappé la Russie, l'Ukraine et le Kazakhstan (et avant celle qui menace l'Argentine), a entraîné une diminution de la production des céréales, principalement blé, maïs et soja, avec pour conséquence une hausse des prix sur le marché mondial. Il n'y a pourtant pas de « véritable menace de pénurie », selon la FAO, les stocks permettant de faire largement face aux besoins. Mais cette situation représente une opportunité pour les banques et quelques grands fonds financiers de spéculer sur ces céréales, faisant bondir leur cours mondial.

Au cours des trois derniers mois, les hausses enregistrées ont été de 17 % pour le maïs et de 41 % pour le blé (et 70 % sur un an !) Les spéculateurs se frottent les mains, les grands producteurs de céréales également. En France par exemple, où cette année a été marquée par une production record, les exportations de blé rapportent de l'or.

Déjà en temps normal, la pénurie alimentaire sévit dans de nombreux pays dont les populations subissent une sous-alimentation chronique. Non parce que les produits manquent, mais parce que ceux qui en ont besoin ne sont pas solvables. Les prix des céréales sont établis en fonction de critères qui n'ont rien à voir avec les besoins des populations. Ils relèvent d'objectifs financiers, devant permettre aux grands producteurs, aux capitalistes de l'agriculture de réaliser du profit. Les céréales comme tous les produits d'alimentation sont, dans le cadre de ce système économique, des marchandises. Et une sécheresse, un accident naturel, qui déchaîne la spéculation sur ces matières alimentaires de première nécessité et la flambée de leurs prix dans les Bourses, se répercute de façon dramatique sur les populations les plus pauvres, mettant ces denrées hors de portée des familles du coup menacées par la famine comme ce fut déjà le cas en 2008.

Les autorités américaines ont parlé de la crainte d'une « crise alimentaire mondiale comparable à celle de 2007-2008 », qui s'était traduite par de violentes émeutes de la faim, dans les pays du Maghreb en particulier. De son côté, le ministre de l'Agriculture français, Stéphane Le Foll, a rappelé les engagements pris lors du dernier G20 en matière agricole et de « la nécessité de ne pas prendre de mesures susceptibles d'amplifier les déséquilibres entre l'offre et la demande. » Mais ce sont des paroles dérisoires face à l'inhumanité d'un système où les spéculations sur des biens de première nécessité engraissent une poignée de financiers, pendant que des millions d'hommes et de femmes meurent de faim sur une planète qui aurait largement les moyens de satisfaire les besoins de tous.

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